Après la sécheresse, les inondations – CSI se prépare à intervenir

Grâce à la distribution de près de 150 tonnes de sorgho dans le nord-ouest du pays, CSI a pu sauver de nombreuses personnes de la mort l’automne dernier. Franco Majok se prépare pourtant à une nouvelle opération d’aide alimentaire de grande ampleur, notamment en raison des conditions climatiques catastrophiques.

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« Dans les régions les plus reculées du Soudan du Sud, la totalité de la population dépend de l’agriculture. Et les outils employés sont rudimentaires », explique le responsable CSI pour le Soudan du Sud Franco Majok. « Mais en 2020, les conditions climatiques ont été extrêmement défavorables. Alors que certaines régions du pays ont vécu une sécheresse due à l’arrivée trop tardive des pluies, d’autres zones ont été au contraire inondées par des pluies diluviennes qui ont dévasté les cultures. En conséquence, la récolte de l’année dernière a été gâchée pour 80 % des habitants du Bahr el-Ghazal du Nord, la zone d’opération de CSI. »

Entre Covid-19 et instabilité politique

Dans l’immédiat, les ressources en sorgho ne seraient pas encore épuisées, mais la pandémie du Covid-19 a participé à la mise en place d’une crise alimentaire anticipée. Officiellement, très peu d’habitants du pays ont été infectés par le virus, mais le confinement imposé au Soudan du Sud et dans les pays voisins a considérablement compliqué l’importation de denrées alimentaires.

Un autre facteur défavorable ne doit pas être omis : la tension des relations politiques avec le Soudan a pour conséquence la fermeture de la frontière depuis plusieurs années. Or le Bahr el-Ghazal du Nord étant limitrophe du Soudan, ses habitants sont contraints de s’approvisionner en nourriture auprès de pays plus éloignés que sont l’Ouganda et le Kenya. En raison du mauvais état des routes et de la situation sécuritaire précaire qui règne dans certaines régions du Soudan du Sud, l’importation de nourriture au Bahr el-Ghazal du Nord prend beaucoup de temps. « C’est l’une des principales raisons pour lesquelles le prix d’un sac de sorgho de 100 kilos a grimpé jusqu’à 200 dollars », note Franco Majok. Cela empêche de nombreuses personnes de se procurer un seul kilo de sorgho.

Notre aide a sauvé plusieurs milliers de familles

CSI a constaté l’urgence de la situation et a acheté 150 tonnes de sorgho à Juba, la capitale du Soudan du Sud. « Ce sont ainsi 1 500 sacs qui ont été transportés à très bon prix jusqu’à la petite ville de Wanjok, au Bahr el-Ghazal du Nord », explique Franco Majok.

Entre août et septembre 2020, CSI a pu distribuer de la nourriture à plus de 6 000 familles du Bahr el-Ghazal du Nord. En moyenne, une famille recevait 25 kilos de sorgho. Ce sont les responsables des communautés locales qui ont déterminé le nombre de kilos auquel avait droit chaque famille.

Dans la mesure du possible, CSI a accordé la priorité aux personnes les plus vulnérables lors de la distribution. Connaissant le mauvais état de routes qui empêchait d’accéder à plusieurs villages isolés, certaines d’entre elles ont dû marcher deux jours pour accéder à notre centre de distribution de Wanjok. « Une jeune femme affamée était si épuisée qu’elle s’est effondrée au milieu de la distribution. Heureusement, elle a été ranimée par le thé froid que je lui ai donné à boire. Elle a pu repartir avec un sac de 100 kilos de sorgho », se souvient Franco Majok.

Enfin assez à manger !

Ahok Dut Garang a cinq enfants. Sa famille est affamée. Leur récolte a échoué à cause de la sécheresse et elle a dû se résoudre à passer ses jours et ses nuits en récoltant des graines de plantes sauvages. Mais cela ne suffisait pas à nourrir ses enfants et son mari aveugle. Pour comble de malheur, ses nombreuses expéditions à pieds nus en forêt ont fini par la blesser. Lorsque CSI lui a remis 50 kilos de sorgho, elle a remercié Dieu et a gratifié les volontaires d’un sourire rayonnant : « Enfin, ma famille aura de nouveau assez à manger. C’est la première fois depuis trois mois que nous avons la sensation d’avoir l’estomac plein. Je vous remercie de tout mon cœur. »

Cette distribution de nourriture a eu un effet secondaire important : le prix du sorgho sur les marchés locaux a baissé, sachant que les personnes qui recevaient du sorgho le partageaient aussi avec ceux qui étaient incapables de se rendre jusqu’au centre de distribution.

2021 : plus de 7 millions de Sud-Soudanais menacés par la faim

Mais le répit pour la population affamée du Bahr el-Ghazal du Nord n’aura été que de courte durée : comme nous l’avons dit en introduction, l’été 2020 a été calamiteux dans la région. La sécheresse a fait place en octobre à des pluies d’une intensité jamais observée depuis plusieurs décennies : des torrents de boue ont inondé des villages entiers et d’innombrables maisons ont été détruites durant plus de deux mois. Les quelques cultures qui avaient résisté à la sécheresse ont à nouveau été en grande partie détruites. Les ponts ont été emportés et les routes déjà cahoteuses sont devenues largement impraticables.

Les tempêtes ont entraîné un véritable exode. Franco Majok déclare : « De nombreuses familles ont fui leur village à cause des inondations. Beaucoup d’entre elles ont trouvé refuge chez des parents qui sont moins touchés, mais c’est le paludisme qui fait maintenant des ravages. »

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies estime que les inondations de l’automne 2020 auront pour conséquence que 7,5 millions de Sud-Soudanais dépendront de l’aide alimentaire. « Sachant que le Soudan du Sud compte environ 12 millions d’habitants, cela signifierait que plus de la moitié de la population serait touchée », conclut Franco Majok. Il s’inquiète également d’une nouvelle hausse du prix des denrées alimentaires qui pourrait contribuer à la misère.

L’aide est mise en place

En raison de la situation extrêmement précaire qui règne au Bahr el-Ghazal du Nord, CSI effectuera au début de cette année une distribution à grande échelle similaire à celle de 2020 pour sauver les plus démunis de la mort. Pour Franco Majok, les préparatifs battent leur plein. « Nous savons que la faim va conduire de nombreuses personnes au désespoir. Mais une fois de plus, CSI sera sur place à temps pour la distribution de nourriture ! »

CSI prévoit de distribuer de la nourriture ainsi que des médicaments et des « kits de survie » contenant entre autres des récipients pour l’eau, des moustiquaires pour se protéger de la malaria, mais aussi une faucille pour couper des roseaux afin de couvrir le toit d’une maison. Cela permettra aux victimes des inondations de construire de nouvelles maisons.

Enfin, Franco Majok exprime sa grande gratitude aux fidèles donateurs en Suisse : « Ils sont toujours là pour les Sud-Soudanais désemparés ! Cette année, les besoins seront encore plus élevés que d’habitude. »

Reto Baliarda


Une aide pour des Soudanais dans les monts Nouba

CSI fournit également une aide alimentaire dans le sud du pays voisin, le Soudan. Les Nouba sont un groupe ethnique qui regroupe plusieurs tribus africaines noires vivant dans les monts Nouba. Ces tribus sont composées de chrétiens, de musulmans et de membres des religions traditionnelles locales. Elles sont souvent discriminées et harcelées par la population arabe et par les autorités soudanaises. Quelque 200 familles de ces tribus ont reçu un bon d’alimentation d’une valeur d’environ 90 francs suisses.

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