07 août 2017

Le chant du rossignol (Helen Berhane)

Recensions d’Anja Lährmann et de Roland Baertschi, lecteurs CSI

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Recension d’Anja Lährmann

Ce livre m’a beaucoup impressionnée et émue. C’est à la fois un témoignage, une invitation à se battre et à se remettre en question ainsi qu’un encouragement. Ce n’est pas un livre qu’on lit pour se divertir.

Témoignage : Je découvre le caractère inébranlable d’Helen; elle se bat jusqu’au bout.

Invitation à se battre : Moi aussi, je veux vivre ma foi et vaincre par amour pour Jésus, sans me soucier de l’avis des « autres » ni de ce qu’ils pensent de moi.

Remise en question : Dans quels domaines ai-je tendance à chercher le confort et à choisir la voie de la facilité dans notre société d’abondance ? Où devrais-je faire preuve de plus d’initiative ?

Encouragement : Helen m’encourage à faire fi de mes sentiments et de mes craintes pour aller de l’avant et faire ce à quoi Dieu m’a appelée. Si je néglige ma vocation, je devrai un jour rendre compte de mon inaction.


Recension de Roland Baertschi

Le livre relate le calvaire vécu en Érythrée par une femme dont le seul tort était de croire en un Dieu ressuscité qui lui demande de partager sa foi avec son prochain.

Née en 1974 à Asmara en Érythrée, Helen Berhane, dont les parents sont orthodoxes, fréquente l’église catholique toute proche de son domicile ; ses qualités de chanteuse y sont remarquées et elle écrit des chants pour l’assemblée. À 16 ans, ses parents, sans lui demander son avis, décident de la marier à un de leurs amis. Une fille, Eva, naît de cette union. Mais le couple est fragile et le divorce est prononcé, contre l’avis d’Helen qui sait qu’aux yeux de Dieu le mariage n’est pas une bagatelle.

Elle fréquente alors un centre de formation et commence à y suivre des cours de théologie. Elle se rend régulièrement dans les églises voisines pour y parler et chanter, au point d’y être souvent invitée. 

1re arrestation. Au début de l’an 2000, un samedi soir, elle passe au centre-ville où se trouve une très grande église catholique. Sur les marches qui en permettent l’accès, beaucoup de gens sont assis, riant, bavardant, se relaxant. L’Érythrée se trouve alors en situation de conflit avec l’Éthiopie. En voyant ces personnes qui pourraient mourir à la guerre, elle s’adresse à elles : « Cette guerre nous déchire. Nous y avons tous perdu quelqu’un… Dieu ne veut pas que les gens qu’il a créés continuent à mourir comme ça. Jésus ne nous a-t-il pas demandé d’aimer notre prochain ? Nous devons tous prier pour que l’Érythrée et l’Éthiopie fassent la paix… » Helen est arrêtée par la police secrète. Elle sera relâchée avec l’ordre de ne plus prêcher. 

Emprisonnée. Le gouvernement devient de moins en moins tolérant. En mai 2002, il publie un décret ne reconnaissant que quatre courants religieux en Érythrée : l’Église orthodoxe, l’Église catholique, l’islam (sunnite) et les églises évangéliques d’obédience luthérienne. Tous les autres groupes sont condamnés, dont le groupe pentecôtiste « Rhéma » auquel appartient Helen. Elle continue néanmoins à écrire des cantiques d’appel pour annoncer l’Évangile, à chanter et à donner des enseignements bibliques dans les églises orthodoxes autorisées à rester ouvertes. Quelques jeunes lui demandent alors de conduire une étude biblique trois fois par semaine chez l’un d’eux, en secret. Mais au bout d’un mois, des agents de la police secrète font irruption dans le local de réunion, interrompant la rencontre et rouant de coups les participants. Emmenée au poste de police, elle est mise dans une cellule remplie de femmes accusées de prostitution, de vol ou de vagabondage. À la demande de toutes ces femmes, elle chante ; et cela à plusieurs reprises – ce qui ne plaît pas aux gardiens. Elle est alors conduite dehors et obligée de rester agenouillée dans le froid, l’herbe humide et boueuse, quatre heures durant. 

Transfert dans un camp militaire.  Le lendemain, avec d’autres détenus, elle est embarquée dans un camion militaire vers une nouvelle prison. Elle se retrouve au milieu d’immenses baraquements militaires de tôle ondulée. Des centaines de prisonniers y sont enfermés. Beaucoup sont malades. Elle parle avec quelques détenus qui lui révèlent qu’ils ont essayé de fuir en Italie ; mais ils ont été repris à Malte, puis renvoyés en Érythrée.

Nouveau déplacement. Trois semaines après son arrivée dans cette prison militaire, les gardiens viennent la chercher pour la conduire dans un lieu réservé aux prisonniers dangereux, aux graves criminels et aux personnes condamnées à une réclusion prolongée… On conduit ces détenus dans un endroit où se trouvent de nombreux conteneurs maritimes en métal, comme ceux qu’on utilise sur les bateaux. Elle découvre avec horreur que ces conteneurs sont des cellules… dans lesquelles les détenues sont étroitement enfermées. Toutes ces femmes, privées de liberté, attendent quelque chose de la nouvelle venue. C’est alors qu’Helen repense à un passage du livre L’Église du silence torturée pour le Christ où il est écrit que « les chrétiens, comme les rossignols, ne peuvent s’empêcher de chanter, même en captivité ». C’est ainsi qu’elle commence à chanter avec ces nouvelles compagnes, puis à prier et à partager avec elles la Parole de Dieu. Cela ne plaît pas aux gardiens qui lui font subir de cruels sévices. Un jour, on lui demande de signer une feuille sur laquelle elle s’engagerait à ne plus croire en Dieu, à cesser de répandre l’Évangile et à chanter. Ce qu’elle refuse. 

Ultime condamnation. Elle ne tarde pas à être mise dans un nouveau conteneur occupé par 7 femmes, dont 2 se révèlent croyantes. L’une, dénommée Ester, lui sera souvent d’un précieux secours. Helen entraîne ses compagnes à chanter, ce que ne supporte pas le gardien qui les punit en les enchaînant dehors jusqu’à 2 h du matin.

La persécution continue sous n’importe quel prétexte. Le chef des gardiens veut lui faire signer un reniement à sa foi. Elle refuse et est alors battue à mort ; elle est frappée avec une matraque sans ménagement et systématiquement ; tout son corps y passe : le cou, les épaules, les bras, le dos, les jambes. Fatigué par l’effort, son bourreau s’arrête, voulant lui faire signer un engagement à ne plus enseigner les gardiens, membres de son personnel. Elle refuse. Il saisit de nouveau sa matraque et recommence à s’acharner sur elle. Chaque centimètre de son corps y passe, depuis la tête jusqu’aux pieds. Elle ne peut plus se lever. Il appelle alors un gardien qui la ramène à son conteneur, avec l’ordre de l’attacher à l’extérieur. On lui passe des menottes qu’elle ne peut supporter tant ses mains sont enflées. Ramenée à l’intérieur du conteneur, la chaleur fait gonfler ses blessures et elle s’effondre sur le sol. Le gardien la bourre de coups de pieds pour la faire lever. Elle perd connaissance. On lui prodigue des premiers soins dans une clinique de fortune, mais elle a de la peine à respirer : elle a été si violemment battue que sa gorge a gonflé, ce qui gêne sa respiration. Son état continue à s’aggraver au point de ne plus pouvoir uriner et de ne plus pouvoir se tenir debout. Finalement, on la transporte à l’hôpital de la ville qui avise la prison que son état ne permet plus d’incarcération. Les médecins la font transférer dans un hôpital spécialisé où, avec l’aide de ses proches, son état s’améliore au point qu’elle va élaborer en secret un plan pour quitter l’Érythrée… et elle réussit.

 

CHF 20.00
177 pages
Ourania | 2011
ISBN 978-2940335725

 

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