De l’aide pour ceux qui rentrent dans leurs villages

En février 2015, des milliers de chrétiens se sont enfuis de leurs villages. Après la reconquête en mai, de nombreuses familles osent retourner dans leur patrie.

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Après le génocide de 1915 qui a eu lieu dans l’Empire ottoman, les survivants chrétiens assyriens se sont d’abord installés à Semele (Irak actuel), dans la vallée de la Khabour. Mais après le retrait des troupes anglaises en 1933, ce lieu de refuge a été le théâtre d’un massacre terrible : environ 9000 hommes et adolescents ont été abattus. De nombreux survivants se sont alors enfuis dans le nord-est de la Syrie, un territoire sous un mandat de protection des Français. Ils y ont fondé 34 villages le long des rives de la Khabour.

Jusqu’à récemment, leurs descendants vivaient dans ces villages ou dans les villes proches de Hassaké et Kameshli. Certains gagnaient leur vie dans l’agriculture (blé, seigle, coton, légumes et fruits), d’autres travaillaient comme employés dans l’administration publique, comme enseignants ou dans des entreprises. Les plus jeunes se sentaient aussi à l’aise et en sécurité dans la région.

Les terroristes de l’EI arrivent de grand matin

Le 23 février 2015, 100 ans après le génocide de 1915, la situation des Assyriens dans les villages change brutalement. Des bêtes sauvages appartenant à l’organisation État islamique (EI) attaquent les villages et sèment l’horreur. « Les terroristes de l’EI sont arrivés tôt, à 4 heures, avec des tireurs d’élite équipés de chars, de lances-mines et d’autres armes à feu. Saisis d’une angoisse mortelle, nous avons vécu des affrontements terribles jusqu’à 9 h 30. Ensuite nous nous sommes enfuis à Hassaké. Heureusement, tous les membres de l’organisation ont survécu à cette terrible attaque », explique un partenaire de CSI qui vient du village Tel-Nasri.

Dans d’autres villages, les habitants ont été touchés encore plus violemment : l’EI a enlevé plus de 200 Assyriens. Plusieurs personnes qui défendaient leurs villages ont été tuées. Environ 1200 familles se sont réfugiées à Hassaké et 160 familles à Kameshli.

Déjà un mois avant l’attaque, l’EI avait terrorisé les villageois et les avait sommés d’ôter toutes les croix. 

Les Kurdes libèrent les villages 

En mai 2015, les combattants kurdes ont réussi à chasser l’EI de ces villages le long de la Khabour. La plupart des réfugiés tentent maintenant de se reconstruire une existence chez eux. Selon des organisations d’aide humanitaire assyriennes, 620 familles sont retournées dans leurs villages. Mais nombre d’entre elles se trouvent face au néant, car leurs maisons ont été pillées, voire incendiées ; des voitures et des machines agricoles ont été détruites et le bétail a été volé. Même les conduites d’eau n’ont pas été épargnées par la folie destructrice de l’EI.

CSI soutient les personnes dans ces villages en leur livrant des colis de nourriture. « Nous voulons leur montrer que nous pensons à eux et qu’ils sont importants pour nous », déclare le responsable de mission pour le Moyen-Orient John Eibner.

Les réfugiés à Kameshli reçoivent aussi une aide alimentaire. Ici, le nombre de réfugiés a augmenté, car après l’attaque de l’EI contre Hassaké le 24 juin 2015, 1300 familles se sont enfuies à Kameshli.

À long terme, nous voulons favoriser la reconstruction d’un avenir pour les personnes qui sont rentrées. « Notre priorité est de maintenir l’existence de notre peuple dans la région », martèle Edmon Gabriel de l’Assyrian Aid Association qui distribue les aliments pour le compte de CSI. « Dans ce but, nous désirons créer un environnement économique et social bénéfique, afin que les personnes ne quittent pas leur pays. » Le 11 août 2015, l’EI a libéré 22 otages vieux et malades, mais il reste encore plus de 200 villageois qui sont entre les mains de l’EI.

Reto Baliarda 


Défendre les droits de l’homme au Moyen-Orient

Le responsable de mission de CSI pour le Moyen-Orient John Eibner a rencontré à Genève l’archevêque Mgr Tomasi, le représentant du Vatican auprès des Nations Unies (ONU). La manière d’empêcher la disparition des chrétiens du Moyen-Orient était au centre de leurs discussions.

Ils ont aussi évoqué la déclaration soutenant les droits de l’homme pour les chrétiens et les autres communautés, notamment au Moyen-Orient, lancée par le Vatican, la Russie et le Liban. Cette déclaration a été présentée à Genève lors de la 28e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Elle a été signée par 64 États, dont font partie la Suisse, Israël, la Syrie et les USA. CSI soutient cette déclaration qui n’a pas été signée par plusieurs pays, notamment la Turquie.

Le 8 septembre 2015, une conférence concernant cette déclaration s’est tenue à Paris et un plan d’action a été mis en place.

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