
Lors de son enlèvement, Adup Aguer Deng (45 ans) a subi des violences physiques et psychologiques terribles de la part des miliciens arabes. Comme esclave, il a aussi dû endurer des humiliations terribles. Aujourd’hui, c’est un homme libre.
« J’ai grandi dans le petit village de Nyimlel, dans le Bahr el-Ghazal du Nord. J’ai vécu une terrible attaque de milices arabes qui affrontaient l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS). J’avais 27 ans. Pris de panique, je me suis caché dans la forêt.
Malheureusement, les Arabes ont trouvé ma cachette. Ils m’ont saisi et m’ont roué de coups. Un milicien m’a donné un coup de couteau au bras, un autre m’a blessé à la tête avec une pioche. Dans cet état misérable, ils m’ont lié les mains.
Ce qui a suivi m’a fortement traumatisé jusqu’à aujourd’hui : les Arabes ont pris quatre prisonniers dinka pour des combattants de l’APLS à cause de leur apparence. Il n’en fallait pas plus pour qu’ils soient assassinés froidement. Trois d’entre eux ont été massacrés sous mes yeux, le quatrième a été brûlé vif. Pendant cette horreur, on nous tenait, moi et les autres Dinka, pour nous forcer à suivre ce spectacle atroce.
C’était abominable. Tout ce que j’arrivais à faire était de baisser la tête à la dérobée et de fixer le sol du regard. Mais cette exécution inhumaine reste gravée dans ma mémoire.
Ensuite, nous avons dû marcher pendant six jours en direction nord. Nous assistions régulièrement à des vols de bétail. Lorsque nous sommes arrivés épuisés au Nord-Soudan, j’ai été aussitôt vendu à Adam. Il avait une femme et six enfants.
Chaque jour, je devais garder les ânes et travailler dur à la ferme. C’était très difficile de surveiller tous les animaux. Parfois, il arrivait qu’un âne s’échappe. Alors, Adam se mettait en colère, me battait et m’humiliait en m’insultant terriblement. Il m’a aussi obligé à me convertir à l’islam.
En janvier 2016, un étranger, Adam Musa, est venu chez nous avec quelques assistants. Ils ont négocié avec insistance et mon maître cruel m’a laissé partir avec les hommes. Je n’ai pas compris ce qui m’arrivait. Nous sommes ensuite arrivés dans un camp où j’ai rencontré d’autres Dinka. Musa nous a tous ramenés au Soudan du Sud. Je lui en suis infiniment reconnaissant. Aujourd’hui, je peux à nouveau vivre dans mon pays comme un homme libre. »
Reto Baliarda
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