Des innocents emprisonnés, des familles brisées

Sept chrétiens ont été injustement inculpés du meurtre de Laxamananda Saraswati, un leader hindou assassiné en août 2008. Ils ont déjà passé six ans et demi en prison. Leurs familles souffrent de leur absence. Lors d’un voyage en Inde, CSI a rencontré les épouses.

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En août 2008, des extrémistes hindous ont pillé, ravagé et incendié des villages chrétiens du Kandhamal, dans l’État d’Odisha. À l’origine de cette vague meurtrière, l’assassinat d’un célèbre gourou, le « Swami » (titre honorifique hindou) Laxamananda Saraswati, injustement imputé aux chrétiens. En octobre 2013, sous la pression politique, sept chrétiens ont été condamnés à la prison à vie. Mais les preuves avancées lors du procès étaient un véritable tissu d’inepties. Une de ces preuves « indiscutables » est la suivante : après l’assassinat, deux des chrétiens ont distribué des sucreries dans une église. Étonnement, trois ans après les faits, un témoin oculaire a soudainement fait surface pour identifier deux des chrétiens, alors que d’autres témoins avaient affirmé que les assassins étaient masqués.

L’avocat des sept chrétiens condamnés, Maître Chhinchani, a fait recours auprès de la Haute Cour à Cuttack. Mais pourquoi ces chrétiens ont-ils été arrêtés alors qu’il n’existait aucune preuve contre eux ? Selon leur avocat, ils servent de boucs émissaires. « Après l’assassinat, les autorités ont subi une pression énorme. Trois mois après les faits, la police était encore dans le noir le plus complet ; elle s’est donc employée à fabriquer les preuves qui lui manquaient. »

Rencontre avec les épouses

Lors de notre voyage en Inde en novembre/décembre 2014, la responsable de mission CSI, Ursula Köppel (membre du conseil de fondation) et moi-même avons rencontré les épouses des sept chrétiens injustement condamnés. Elles souffrent terriblement de leur absence, qui dure depuis six ans et demi déjà. Comme elles habitent dans des villages retirés, le trajet jusqu’à la prison coûte cher et elles ne peuvent que rarement leur rendre visite. Presque toutes ces femmes ont placé leurs enfants dans des institutions chrétiennes qui s’en occupent gratuitement. Elles sont elles-mêmes faméliques et certaines d’entre elles ont des problèmes de santé.

Debaki, l’épouse de Bhaskar Sunamajhi, nous a confié que la police n’avait fourni aucune explication lors de l’arrestation de son mari. « Nous ne savions même pas que le ‹ Swami › avait été assassiné ! » Un autre de ces hommes – Gornath Chalanseth – a été livré à la police par une connaissance. Son épouse Ruta s’est rendue au poste de police à plusieurs reprises, sans jamais obtenir le moindre renseignement. C’est finalement par la télévision du poste de police qu’elle a appris que son mari était inculpé du meurtre du gourou hindou. Le récit de Nilandri, la femme de Budhadeb Nayak, est particulièrement bouleversant : au milieu de la nuit, 50 policiers ont fait irruption dans leur cahute. « Ils ont ligoté les mains et les pieds de mon mari et l’ont traîné comme une bête », raconte Nilandri en pleurant.

L’heure est venue pour les femmes de partir, afin d’arriver chez elles avant la tombée de la nuit. « Cela fait si longtemps que nos maris sont en prison », sanglote Ruta en prenant congé. Les autres s’essuient les yeux. « Nous n’avons même pas de quoi payer des soins médicaux, car personne ne nous vient en aide. »

Il y a néanmoins deux lueurs d’espoir : selon Me Chhinchani, la Haute Cour se saisira prochainement de l’affaire. Vu l’insuffisance de preuves, il pense que les sept hommes seront acquittés et que les familles recevront une compensation financière pour alléger leur misère et leur permettre de se soigner.

Adrian Hartmann


Envoi de cartes postales

Dans les éditions de décembre 2013 et 2014, nous vous avions invités à envoyer pour Noël des cartes postales à ces sept chrétiens emprisonnés. Les cartes étaient adressées à des personnes qui sont en contact avec les prisonniers et que l’équipe de CSI a rencontrées lors de son voyage. Les cartes leur ont fait très plaisir et ils vous disent un grand merci. « Plus de 200 cartes » leur sont parvenues. Nos personnes de contact ont ensuite distribué les cartes aux prisonniers et à leurs épouses. Ainsi, tous ont pu profiter de ces signes de solidarité venus de Suisse. Nous vous remercions chaleureusement de votre participation ! 

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