15 mai 2017

Des milliers de familles en fuite devant Boko Haram

La libération de 82 jeunes filles de Chibok est une lueur d’espoir dans la situation conflictuelle du Nigéria. Depuis des années, CSI soutient les personnes qui ont dû fuir Boko Haram.

Des enfants à Jos, dans le camp chrétien de réfugiés. (csi)

À l’échelle internationale, le plus connu des actes terroristes perpétrés par les islamistes de Boko Haram est sans doute cet enlèvement du 14 avril 2014 : ce jour-là, la milice djihadiste a envahi une école pour filles dans la ville isolée de Chibok au nord-est du Nigéria et a capturé 276 élèves entre 12 et 17 ans. Au cours de l’enlèvement, 57 jeunes filles ont réussi à s’enfuir.

La terreur que sème Boko Haram est symbolisée par cet événement sans mesure au cours duquel tant d’élèves, pour la plupart chrétiennes, ont été les victimes. Sous le slogan BringBackOurGirls (ramenez nos filles), de nombreuses personnalités importantes se sont mobilisées pour leur libération, dont Michelle Obama, l’ancienne première dame des USA.

L’année dernière, vingt jeunes filles ont pu être libérées. Cette année, le 7 mai 2017, après des négociations de plusieurs mois avec le gouvernement nigérian, Boko Haram vient encore de libérer 82 filles. En contrepartie, quatre combattants de Boko Haram ont été libérés. C’est aussi grâce à la médiation d’ONG internationales et du département suisse pour les Affaires étrangères que leur libération a pu être réalisée ; c’est ce que le gouvernement nigérian sous la présidence de Muhammadu Buhari a confirmé dans un communiqué de presse.

Un soulagement infini

Durant trois ans, les parents des jeunes filles maintenant libérées ont vécu dans l’incertitude quant à l’état de leurs enfants séquestrées. Évidemment, ils sont fous de joie : « La nouvelle de leur libération, c’est ce qui a pu nous arriver de meilleur. Nous avons attendu si longtemps ce jour. Maintenant, nous espérons que les autres jeunes filles pourront aussi être libérées », déclare le pasteur Enoch Mark, père de deux filles libérées.

Les experts des droits de l’homme au sein des Nations Unies évoquent également cet espoir : « Que toutes les filles enlevées soient libérées, cela est un objectif urgent. Nous ne voulons oublier personne. » Ils exigent que le gouvernement nigérian fasse tout ce qui est en son pouvoir afin que les 115 otages qui restent soient aussi libérés.

Le monde entier est soulagé à propos de la libération des 82 jeunes filles, de même que le cardinal Mgr John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja : « Nous remercions Dieu pour ces jeunes filles qui ont pu rentrer dans leurs familles. » Mais le cardinal se demande pourquoi la libération n’a pas eu lieu plus tôt : « Durant toutes ces années, j’ai régulièrement prié le gouvernement, avec insistance, de s’engager pour la libération des jeunes filles. Mais le gouvernement m’a toujours répondu qu’on ne pouvait pas négocier avec des terroristes et échanger les jeunes filles contre des prisonniers. Or, c’est exactement ce qui s’est finalement passé. »

La terreur des djihadistes de Boko Haram a coûté plus de 20 000 vies jusqu’à ce jour.

La pointe de l’iceberg

L’enlèvement des jeunes filles de Chibok n’est que la pointe de l’iceberg. D’innombrables personnes, des chrétiens et des musulmans modérés, sont encore retenues captives de Boko Haram. Des milliers de Nigérians, dont les médias internationaux ne font pas mention, ont dû fuir leurs villages au nord-est du Nigéria. S’ils ne trouvent pas un abri auprès de parents ou d’amis, ils vivent dans des camps de réfugiés dans des métropoles comme Maiduguri, Jos ou Yola. 

Lors de ses voyages réguliers au Nigéria, le responsable CSI Franco Majok rencontre de nombreuses personnes, généralement chrétiennes, qui se sont enfuies de Boko Haram pour s’abriter dans des camps de réfugiés. Elles évoquent toutes des actes horribles, des attaques, des meurtres, des prises d’otages ou alors elles racontent comment elles ont dû se cacher de Boko Haram pendant des semaines ou même des mois avant de pouvoir trouver refuge dans un endroit sûr. Souvent les familles sont aussi démantelées lors de ces attaques : par exemple, depuis deux ans, Mary Daniel de Chinene vit dans un camp de réfugiés de la Christian Association of Nigeria (CAN) à Maiduguri ; mais elle n’a pas retrouvé son mari ni l’un de ses enfants, alors que ses autres enfants sont avec elle. 

Les personnes qui ont pu s’échapper de Boko Haram et qui sont maintenant dans les camps de réfugiés de Maiduguri sont soutenues par CSI, entre autres grâce à des colis de nourriture et des colis de médicaments. À Jos, CSI apporte une aide financière dans un camp chrétien de réfugiés où, jusqu’à présent, plus de 5000 chrétiens ont trouvé un abri. Dans la ville d’Enugu au sud du Nigéria vivent également des personnes qui ont réussi à échapper aux cruels djihadistes. Grâce à l’aide de CSI, plus de cent enfants peuvent aller à l’école. En outre, les réfugiés adultes obtiennent une aide de départ pour créer une petite entreprise.

L’organisation terroriste Boko Haram n’est pas seulement tristement connue pour ses attaques multiples contre des villages dans le nord-est du Nigéria, mais elle perpètre aussi régulièrement des attentats à la bombe, dont celui contre l’église Sainte-Thérèse à Madalla au centre du pays. CSI aide les rescapés de cet attentat en leur fournissant des vivres et des vêtements. Par ailleurs, nous aidons quelques personnes, particulièrement touchées par l’attentat, à démarrer une petite entreprise.

Reto Baliarda

Sources : ap, un, wwm, fides, csi

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