Samar Badawi et Nassima al-Sada sont enfin libres. Ces deux Saoudiennes arrêtées à l’été 2018 ont été libérées fin juin 2021. Mais d’autres militantes restent injustement emprisonnées dans le royaume sunnite.
Samar Badawi et Nassima al-Sada militent toutes deux pour les droits des femmes en Arabie saoudite (Bulletin CSI de juin 2019). Elles ont été libérées à l’expiration de leur peine après avoir passé près de trois ans en prison, selon le groupe saoudien de défense des droits ALQST, basé à Londres. Ces deux femmes ont été arrêtées en juillet 2018 avec plus d’une dizaine d’autres militantes accusées de « nuire aux intérêts saoudiens ». Ces arrestations, qui ont suscité l’indignation de la communauté internationale, s’inscrivent dans le cadre d’une répression gouvernementale de tout mouvement de dissidence, fût-il pacifique.
Nassima al-Sada n’a pas seulement défendu les droits des femmes, notamment le droit d’obtenir un permis de conduire et la fin du système de tutelle masculine. Elle s’est également engagée en faveur des droits de la minorité chiite à laquelle elle appartient.
Samar Badawi, quant à elle, a fait campagne pour la libération de son mari aujourd’hui divorcé, l’avocat des droits de l’homme Waleed Abu al-Khair. Elle a également demandé que son frère, le blogueur Raif Badawi, soit libéré. CSI a protesté à plusieurs reprises contre l’emprisonnement de Raif Badawi, qui purge une peine de dix ans pour « insulte à l’islam ».
Si la libération de Samar Badawi et de Nassima al-Sada doit être saluée, de nombreuses autres militantes saoudiennes restent derrière les barreaux. On peut citer Israa al-Ghomgham qui a été condamnée à huit ans de prison en février 2021 pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté de réunion et d’expression.
Cette femme de 32 ans est en prison depuis 2015. Elle a été arrêtée avec son mari pour avoir participé à des manifestations pacifiques en faveur des droits de la minorité chiite. Après avoir purgé sa peine de huit ans, Israa al-Ghomgham encourt une interdiction de voyager pendant huit autres années. Elle a le droit de faire appel de ce jugement.
À l’origine, l’accusation avait requis la peine de mort à l’encontre d’Israa al-Ghomgham, ce qui aurait fait d’elle la première femme exécutée en Arabie saoudite à cause de son engagement politique. À la suite de nombreuses protestations internationales, cette requête a été abandonnée en 2019.
On s’inquiète tout de même du bien-être d’Israa al-Ghomgham, qui s’est plainte de mauvais traitements. Certaines des femmes incarcérées en 2018 affirment avoir été victimes de torture, notamment de décharges électriques et de coups de bâton.
Morven McLean
Nous serions heureux que vous nous fassiez part de vos commentaires et de vos ajouts. Tout commentaire hors sujet, abusif ou irrespectueux sera supprimé.