Une fête au cœur du bidonville

Au milieu de la saleté et de la misère d’un bidonville pakistanais, une nouvelle école ouvre ses portes. Les enfants auront ainsi l’opportunité de tourner le dos à la pauvreté et au désespoir. Une équipe de CSI s’est rendue à l’inauguration.

Dorénavant, les enfants iront à l’école dans le nouveau bâtiment ; ils sont ici avec des institutrices (à droite) et des mamans. (csi)

Nous nous trouvons dans une mégapole pakistanaise (pour des raisons de sécurité, nous ne la situerons pas précisément), au milieu d’un bidonville chrétien.  Lorsque nous descendons de voiture, une puanteur mordante nous souhaite la bienvenue ; malheureusement, de nombreuses personnes se servent de ce quartier pour évacuer leurs ordures. Pourtant, plus de 4000 familles vivent ici, parmi lesquelles on trouve une large majorité de chrétiens, mais aussi quelques musulmans. Les plus pauvres cherchent des restes de nourriture au milieu des détritus. La plupart d’entre eux n’envisagent même pas d’envoyer leurs enfants à l’école. Les frais de scolarité sont beaucoup trop élevés. Il semble impossible de sortir du cercle vicieux : sans formation scolaire, la prochaine génération restera prisonnière de la pauvreté.

Aujourd’hui, au matin du 20 février 2014, la situation doit changer. Nous sommes ici pour assister à l’inauguration d’une nouvelle école dont la construction a commencé il y a à peine une année. Nos partenaires de mission sur place ont fait du bon travail : nous nous tenons devant un grand bâtiment neuf et impeccable qui contraste avec la saleté de la rue. En ce jour de fête, on attache une grande importance à la sécurité : des démineurs ont déjà inspecté tout le bâtiment à la recherche de bombes et des policiers sont en faction, arme au poing, pour éviter tout incident lors des festivités. À 16 h précise, le moment est venu : le président de CSI Herbert Meier et le directeur Benjamin Doberstein coupent le ruban tendu devant le portail de l’école, dévoilent une pierre commémorative et gravissent l’escalier pour se rendre à la grande salle située au deuxième étage. D’en haut, des enfants font pleuvoir des pétales de roses rouges sur les convives, une tradition qui est d’ordinaire réservée aux mariages.

Éducation pour les plus pauvres

Au Pakistan, la population est à 96 % musulmane et depuis plusieurs années, beaucoup de mépris et de haine se sont accumulés contre les chrétiens. Ainsi, les chrétiens ont du mal à échapper à l’analphabétisme, à la pauvreté et au désespoir. Ils vivent souvent à l’étroit dans de minuscules cahutes, dans les bidonvilles de mégapoles. Pour les enfants, seuls les premiers niveaux des écoles étatiques leur sont ouverts. Ils y sont d’ailleurs discriminés et parfois même menacés.

Le pasteur Latif (nom fictif), notre partenaire de mission au Pakistan, est particulièrement touché par cette détresse. Il a donc commencé à s’occuper de l’éducation des enfants chrétiens des bidonvilles. Cette nouvelle école pour les plus démunis est déjà la troisième qui a ouvert ses portes à son instigation. Jusqu’à présent, plusieurs centaines d’élèves se réunissaient à tour de rôle à l’étage supérieur de la maison du pasteur, où ils apprenaient les rudiments scolaires ainsi que des notions d’hygiène, afin d’éviter la propagation de maladies. En outre, la cohabitation des chrétiens et des musulmans est favorisée. En effet, bien que l’école soit chrétienne, de nombreux parents musulmans y envoient aussi leurs enfants, ce qui contribue à diminuer les préjugés de part et d’autre.

« Nous sommes si heureux »

Aujourd’hui, le nouveau bâtiment est inauguré avec faste. Il suffira à abriter tous les convives ! Dans la grande salle, les élèves, leurs parents, les instituteurs et les pasteurs de différentes confessions ont déjà pris place. Les enfants entonnent un chant « Nous sommes heureux, vraiment heureux, parce que l’amour de Jésus habite dans nos cœurs ». Ils agitent des guirlandes en papier d’étain coloré. Tout ému, Herbert Meier résume ses impressions dans un discours de bienvenue : « Quelle joie pour moi d’être témoin de votre énergie, de votre détermination et de votre conviction pour marcher à la suite de Christ ! Quel encouragement de voir le travail que vous accomplissez pour lui. » Le responsable de mission Gunar Wiebalck prend ensuite la parole pour donner un bref aperçu de l’historique de la construction. Il rend hommage au fidèle soutien des amis de CSI en Suisse et dans d’autres pays.

À la fin de la cérémonie, les convives suisses sont entourés par une foule de parents qui veulent exprimer leur gratitude. « Cette école est exactement ce dont nous avions besoin ici », déclare un Pakistanais bien bâti et vêtu d’un complet de lin. Il semble ne plus pouvoir s’arrêter de nous serrer la main. Bashir, un père de famille, semble submergé par l’émotion : « Nous n’avons encore jamais vu une chose pareille ici. Un rêve est devenu réalité. À travers vous, Dieu nous a comblés ! Il nous donne un formidable cadeau, un bâtiment magnifique. Nous sommes profondément reconnaissants. »

Gunnar Wiebalck | Benjamin Doberstein


Aide aux victimes de la terreur

Le 22 septembre 2013, l’église de Tous-les-Saints à Peshawar, située près de la frontière afghane, a été la cible d’un attentat-suicide perpétré par deux kamikazes talibans. Il s’agit du plus grave attentat contre les chrétiens depuis la naissance du pays : plus de 120 personnes ont perdu la vie, de nombreux enfants sont devenus orphelins et des centaines de personnes ont été grièvement blessées et mutilées pour toujours.

Aujourd’hui encore, plus de six mois après l’attentat, de nombreux chrétiens sont encore alités parce qu’ils n’ont pas reçu les soins médicaux nécessaires. Kashmala par exemple, une fille de 17 ans, a dû être amputée de sa jambe droite et sa jambe gauche est aussi gravement blessée. Sa famille n’a les moyens financiers ni pour payer une nouvelle opération pour sa jambe gauche ni pour financer l’achat d’une prothèse. CSI se charge donc du coût des soins médicaux les plus urgents, ainsi que d’autres interventions pour les victimes de l’attentat. En outre, nous distribuons des colis de nourriture et des couvertures aux plus démunis.

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