
Deux mois ont suffi pour changer radicalement la situation en matière de sécurité dans la plaine de Ninive. Jusqu’ici, c’était le refuge des chrétiens d’autres régions – aujourd’hui, il n’y a plus de chrétiens à Mossoul. Les djihadistes ne leur laissent plus aucune chance. CSI était sur place.
Située au nord de l’Irak, dans la plaine de Ninive, Qaraqosh était l’un des derniers refuges pour les chrétiens en Irak. Le 25 juin 2014, la ville a été pilonnée par les tirs des djihadistes de l’État islamique (EI, autrefois EIIL – voir case). Elle est tombée deux semaines après Mossoul, située à une trentaine de kilomètres de là. En l’espace de quelques heures, environ 50 000 personnes ont quitté Qaraqosh, presque tous des chrétiens. Le lendemain, le responsable de mission CSI John Eibner et son assistant Joel Veldkamp sont arrivés au nord de l’Irak pour apporter leur aide.
Mariam (prénom fictif) raconte qu’elle s’inquiétait depuis la conquête de Mossoul par l’EI. Comme on pouvait s’y attendre, les combats ont fini par atteindre Qaraqosh et le 25 juin, la ville était prise sous un feu nourri de roquettes depuis 15 heures. «La nuit suivante, la plupart des habitants ont quitté Qaraqosh. Comme notre fils était de garde, nous n’avons pas pu nous enfuir avant l’aube. Bien sûr, nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit.»
Makarios (prénom fictif) a pu s’enfuir avec sa famille dès l’après-midi du 25 juin, après que cinq missiles sont tombés dans son quartier. «Je veux rester ici, je tiens à mon pays, dit-il. La seule chose qui manque est la sécurité.»
Outre les réfugiés de Qaraqosh, CSI a aussi aidé ceux de Mossoul et des alentours. La ville actuelle de Mossoul est construite à proximité des ruines de la ville biblique de Ninive. Elle est la deuxième ville d’Irak et compte environ deux millions d’habitants. Lors de la conquête de la ville par les djihadistes, au début du mois de juin, environ 500 000 personnes ont quitté la ville et les villages environnants. Ils ont dû abandonner leurs maisons et presque tous leurs biens. La grande majorité des chrétiens se sont enfuis, mais aussi de nombreux musulmans chiites, qui sont littéralement chassés et massacrés par l’EI. CSI a aussi apporté de l’aide à quelques familles de réfugiés chiites dans la détresse.
Depuis fin juillet 2014, il n’existe presque plus de chrétiens à Mossoul. En effet, le 18 juillet, l’EI a lancé un ultimatum aux chrétiens: ils devaient choisir entre la conversion à l’islam, le paiement de la «dijzîa» (impôt exorbitant infligé aux non-musulmans) ou l’exil – sinon, la mort! L’EI a marqué toutes les maisons des chrétiens d’un «N» arabe rouge («nassâra» est employé dans le Coran pour désigner les chrétiens) et les a déclarées propriété de l’EI. Quelques personnes âgées et malades sont restées, et quelques unes se sont converties à l’islam. Les autres ont quitté la ville.
Il faut savoir que ce qui vient d’arriver aux chrétiens de Mossoul menace toutes les minorités religieuses dans les territoires sous le contrôle de l’EI. Ces djihadistes doivent être arrêtés et il faut protéger les minorités religieuses! Or les États-Unis étant alliés avec l’Arabie saoudite, le Qatar et des réseaux djihadistes, l’Occident préfère éviter de s’occuper sérieusement de la persécution des minorités religieuses. Nous invitons le Conseil fédéral à faire ici une différence avec la majorité de la communauté internationale et à trouver des pays partenaires pour faire cesser le nettoyage religieux en cours au Moyen-Orient.
Entre juin et juillet 2014, CSI a pu fournir à 600 familles irakiennes la nourriture, les matelas et les réchauds nécessaires. Merci à vous d’avoir rendu cela possible!
Adrian Hartmann
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