
Durant plus de 20 ans, Abouk Maduok Garang a été exploitée comme esclave et elle a subi d’atroces mutilations. Malgré tout, la Sud-Soudanaise n’a pas perdu son courage de vivre. Aujourd’hui, elle est libre.
Ce devait être en 1993. Avec deux amies, une petite fille est en chemin pour le marché. Elle s’appelle Abouk. Soudain au détour du chemin, des milices arabes à cheval surgissent et leur vie bascule. Les fillettes sont forcées de marcher à la suite de leurs ravisseurs, mais elles doivent en même temps s’occuper des vaches volées et conduire le troupeau. Elles sont menacées de mort si elles perdent une seule bête.
Abouk et ses amies sont déportées avec de nombreux autres Sud-Soudanais. Elle se souvient de son arrivée dans le village soudanais de Magedim : « J’ai dû assister à l’assassinat de deux femmes parce qu’elles résistaient au viol. Moi-même, j’ai été battue sur le chemin, souvent pour des bagatelles. »
Lors de leur arrivée à Magedim, toutes les femmes sont données comme esclaves à différents hommes arabes. Abouk tombe entre les mains d’Ali Shaga. Quant à ses deux amies, elles sont attribuées à un parent d’Ali qui habite une ferme avoisinante.
Sous la coupe d’Ali, Abouk vit une période terrible qui semble ne jamais devoir prendre fin. Elle est gravement maltraitée par son maître qui ne lui laisse pas un moment de répit. Il craint probablement qu’elle entreprenne une tentative d’évasion, il ne la quitte pas des yeux. « Pendant toutes ces années terribles d’esclavage, je n’ai jamais vu un médecin, bien qu’Ali me batte régulièrement de façon abominable ; par exemple lorsque je refusais d’être excisée. » Elle travaille très dur… bien entendu sans autre salaire que les coups.
Ali essaie également de discipliner son esclave dans le domaine religieux. Chaque vendredi, il la pousse à se rendre à la mosquée. Chaque fois qu’elle refuse, elle est rouée de coups. Mais elle tient ferme à sa foi chrétienne. Ainsi, le vendredi devient un jour porteur d’angoisse et de menace.
En automne 2016, Abouk apprend d’une fille arabe que le libérateur d’esclaves Adam Mousa se trouve dans les parages et qu’il veut ramener au Soudan du Sud des filles dinka asservies. « J’ai eu la chance de rencontrer Adam peu après, lorsque j’allais chercher de l’eau. Il m’a convaincue de l’accompagner pour rentrer au Soudan du Sud. » En effet, la décision n’était pas facile : bien qu’Ali la laisse bel et bien partir en échange de fourrage et de médicaments pour son bétail, c’est un choix déchirant : Ali refuse à ses deux fils de les laisser partir avec elle !
Aujourd’hui, Abouk est très reconnaissante de pouvoir à nouveau vivre dans sa patrie. Elle souffre encore des blessures infligées par son ancien maître, notamment à la jambe droite. Le conseiller de fondation de CSI Markus Weber se trouvait sur place lors du retour d’Abouk en novembre 2016 et il a pu constater les dégâts de ses yeux. Mais elle se réjouit de sa nouvelle vie comme femme libre.
Reto Baliarda
Nous serions heureux que vous nous fassiez part de vos commentaires et de vos ajouts. Tout commentaire hors sujet, abusif ou irrespectueux sera supprimé.