La mort n’est pas une solution (Anne-Isabelle Tollet)

Recension de Roland Baertschi, lecteur CSI

Asia-Bibi-2

Asia Bibi condamnée à la pendaison pour blasphème

Ce livre est un peu la reprise et la suite d’un ouvrage précédent du même auteur intitulé Blasphème et qui relate la condamnation par pendaison d’une chrétienne Asia Bibi accusée de blasphème pour avoir souillé l’eau d’un puits en y buvant et en prétendant que le prophète [Mahomet] ne serait pas d’accord avec ce genre de reproches. Cela se passe au Pakistan, le 14 juin 2009. Traduite en justice le 8 novembre 2010, elle est condamnée à la pendaison. Son mari Ashiq et ses enfants sont pris en charge par le ministre des minorités Shahbaz Bhatti, seul ministre chrétien du gouvernement. Il essaie d’agir en faveur de la condamnée, mais il note que depuis que le pape Benoit XVI a pris position, l’affaire prend une mauvaise tournure, les musulmans n’aimant pas que les chrétiens s’immiscent dans leurs affaires… Pour les plus radicaux d’entre eux l’Église catholique a porté atteinte à l’islam.

Le ministre souhaitait que la journaliste rédigeant ces évènements répercute médiatiquement cette histoire à l’échelle internationale pour aider cette famille, car à son niveau, il ne pouvait pas faire grand-chose et que si tout le monde se taisait, c’était par crainte des représailles islamistes.

Anne-Isabelle Tollet se rend au village d’Asia Bibi, un endroit peu accueillant, note-t-elle, au point d’être pris pour un chantier abandonné. Elle note que plusieurs voisines en veulent à Asia d’avoir laissé des vaches, dont elle avait la garde, détruire leur mangeoire…

Quant à Shahbaz Bhatti, il est en voyage officiel, sur le continent américain où il reçoit un appui marqué des autorités pour son engagement. Mais l’euphorie devait être de courte durée. Le 2 mars 2011, éclate la nouvelle : le ministre Shahbaz Bhatti vient d’être assassiné. Sans son aide, note la journaliste, je pouvais difficilement envisager une rencontre avec Asia Bibi. Et d’ajouter : c’est alors que je décidais de rendre visite à Ashiq pour lui demander que lors de sa prochaine visite à la prison, j’établisse le contact avec son épouse ; avec son accord, j’étais prête à écrire un livre qui raconte son histoire à la première personne. Le livre fut rapidement écrit ; il s’appellerait Blasphème. Pour ma propre sécurité, je devais à tout prix quitter le pays avant que les fondamentalistes n’apprennent l’existence de cet ouvrage. Si dans le plus grand secret, j’ai été la plume d’Asia Bibi au Pakistan, à l’étranger, je serai son porte-voix. Le 30 mai 2011, me voici à Paris. Par la suite, je fus invitée à donner des conférences à New York, Lisbonne, Genève, New Dehli, Madrid, Varsovie…

Malheureusement, le public a tendance à mélanger loi contre le blasphème et persécution des chrétiens. En fait, il y a davantage de musulmans condamnés pour avoir enfreint cette loi que de chrétiens. Au Pakistan, personne n’est à l’abri d’une accusation de blasphème.

Chaque année, UN Watch, l’organisation des droits de l’homme organise un sommet à Genève pour faire entendre la voix de ceux dont les droits sont bafoués. Depuis la nouvelle condamnation à mort d’Asia Bibi en octobre 2014, l’organisation a souhaité renouveler son soutien, en conviant Ashiq à ce sommet international, le 24 février 2015. Les autorités suisses demandèrent à ce propos le certificat de mariage et le livret de famille. C’est alors que j’appris qu’Ashiq n’avait jamais été marié avec Asia, pour la bonne raison qu’il avait déjà une femme, une certaine Yasmine. Je compris finalement que Yasmine et Asia avaient toujours vécu sous le même toit, jusqu’à l’arrestation d’Asia en juin 2009. Yasmine aurait conspiré avec l’une ou l’autre voisine musulmane pour faire accuser Asia de blasphème le jour où elle s’est disputée autour d’un verre d’eau. On est donc loin de la chrétienne persécutée au nom de sa religion, puisqu’il s’agirait d’une entente perverse entre la chrétienne Yasmine et ses complices musulmanes. 

Commentaire personnel. Plus que la persécution d’une chrétienne, il faut voir, dans le cas d’Asia Bibi – et en accord avec l’auteur du livre –, une atteinte aux droits de l’homme, tels que l’ont signé la plupart des nations. Une distinction qui s’impose si l’on veut éviter une guerre de religions, ce qui n’éliminera pas tout conflit, mais aura le mérite de le circonscrire.

 

CHF 26.10
248 pages 
Éditions du Rocher | 2015 
ISBN 978-2268077550

 

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