L’oncle de Luka Binniyat a été abattu

Pendant la détention de trois mois du journaliste chrétien Luka Binniyat, des miliciens peuls ont attaqué son village natal de Zaman Dabo. Son oncle a été tué. Joel Veldkamp, collaborateur de CSI, s’est entretenu avec Luka Binniyat au Nigéria.

Un triste spectacle : Luka Binniyat dans son village natal de Zaman Dabo, attaqué par des milices peules pendant son incarcération. csi

Luka Binniyat, journaliste et militant des droits de l’homme, a été arrêté en novembre 2021 pour avoir publié un article de presse présentant le massacre de trente-huit chrétiens. Pendant qu’il était en prison, les islamistes peuls se rapprochaient de plus en plus de son village natal, Zaman Dabo.

Une centenaire brûlée vive

Le 30 janvier 2022, un village voisin a été attaqué. Onze personnes y ont perdu la vie, dont une femme de 98 ans. Les extrémistes sans pitié la raillaient : « Oh, mamie, tu as froid ? Nous allons t’aider à te réchauffer. » Et ils l’ont jetée dans une maison en feu.

Le 1er mars 2022, le collaborateur de CSI Joel Veldkamp a accompagné Luka Binniyat à Zaman Dabo, qui avait été attaqué par des milices peules le 1er février. Plusieurs villageois ont été tués, dont un oncle et un voisin de Luka Binniyat : « Mon oncle est mort dans sa maison. Il n’a pas pu s’enfuir assez vite et a été brûlé vif. » Une femme de 80 ans a survécu à l’attaque, mais elle a été tellement traumatisée qu’elle est décédée quelques jours plus tard.

L’armée totalement passive

L’armée nigériane est très présente dans le sud de l’État fédéré de Kaduna, mais elle n’intervient que rarement lors de telles attaques. « Lorsque notre village a été attaqué, des soldats étaient stationnés à l’entrée de la localité, raconte Luka Binniyat. Mais ils ont dit qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre d’intervention. Ils ont donc assisté à cette horreur sans réagir ! »

Deux jours après la terrible attaque, le 3 février 2022, Luka Binniyat a été libéré. Il est rentré chez lui, auprès de son épouse et de ses enfants, dans la ville de Kaduna. Cinq jours plus tard seulement, les milices peules ont mené une seconde attaque contre Zaman Dabo.

Cette fois, cinq mille Nigérians ont pris la fuite. Quelques rares femmes viennent encore au village pour travailler, mais elles passent la nuit dans des taillis, où elles sont plus en sécurité. Seule une poignée de jeunes gens reste la nuit pour garder le village le mieux possible.

Un village fantôme

« Autrefois, je venais au moins une fois par mois en visite à Zaman Dabo. Mais maintenant, cela n’a plus de sens. Cela me brise le cœur de voir cet endroit où j’ai passé mon enfance », soupire Luka Binniyat, tandis qu’il se promène avec Joel Veldkamp dans les rues vides de son village.

Ishaku, le père de Luka, a récemment fêté ses 100 ans. « Nous voulions organiser la fête ici, mais après ces terribles attaques, c’était exclu. »

Depuis notre rencontre du 1er mars 2022, les milices peules ont attaqué à plusieurs reprises des villages chrétiens dans ce même État fédéré, tuant plus de cent personnes. Ils ont récemment prouvé qu’ils étaient aussi en mesure de commettre des actes terroristes spectaculaires : fin mars 2022, ils ont pris d’assaut l’aéroport de Kaduna, et quelques jours plus tard, ils ont attaqué un train qui reliait Kaduna à Abuja, la capitale du Nigéria.

En dépit de tous ces terribles événements, Luka Binniyat ne veut pas cesser de faire connaître la vérité sur ce qui s’est passé dans le sud de l’État fédéré de Kaduna. CSI reste à ses côtés.

Joel Veldkamp

Un triste spectacle : Luka Binniyat dans son village natal de Zaman Dabo, attaqué par des milices peules pendant son incarcération. csi
Un triste spectacle : Luka Binniyat dans son village natal de Zaman Dabo, attaqué par des milices peules pendant son incarcération. csi
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