Un avenir pour les filles libérées

Les jeunes filles chrétiennes issues de milieux modestes courent un sérieux risque d’être enlevées, forcées à se marier ou encore contraintes de se convertir à l’islam. Mehwish Patras et Neha Munawar ont finalement pu être libérées. Dans le foyer protégé de CSI, elles suivent une formation et reprennent confiance en elles.

Pakistan. csi

Au Pakistan, le rapt, la conversion forcée et le mariage forcé de filles non musulmanes ont pris des proportions inquiétantes au cours de ces dernières années. Actuellement, plus de mille chrétiennes en sont victimes chaque année.

La souffrance qui en résulte est inimaginable. Les jeunes filles mariées de force et contraintes de se convertir à l’islam vivent des semaines, voire des mois ou des années d’oppression, de viols, de mépris et de destruction de leur foi.

Leurs parents souffrent également. Ils sont traumatisés par la perte d’un être cher et dans leur lutte désespérée pour la libération de leur fille, ils parcourent souvent des kilomètres pour contacter la police ou se présenter aux audiences du tribunal.

Les coupables sont de mèche avec la justice

Dans de nombreux cas, les parents ne peuvent malheureusement pas attendre beaucoup de soutien de la part de la justice. La police ferme souvent les yeux sur les signalements de rapts, de conversions ou de mariages forcés et assure l’impunité aux coupables en falsifiant les informations ou en refusant d’enregistrer les plaintes.

Ainsi, les filles enlevées restent aux mains de leur ravisseur pendant toute la durée de la procédure judiciaire. Elles sont violées et souvent contraintes, sous la menace de mort, de prétendre au tribunal qu’elles ont accepté de leur plein gré de se convertir à l’islam ou de se marier.

Même la politique encourage les agresseurs. En 2021, la commission parlementaire permanente a rejeté un projet de loi visant à lutter contre les conversions forcées, déclarant que le « contexte n’était pas favorable » à une telle loi.

Les parents attendent souvent pendant plusieurs années le retour de leurs filles.

Onze filles libérées

Depuis 2020, CSI s’engage pour la protection des personnes les plus défavorisées de la société pakistanaise, à savoir les jeunes chrétiennes. Depuis cette date, en collaboration avec des avocats compétents, onze filles ont pu être libérées des griffes de leurs ravisseurs. Quatre autres victimes font actuellement l’objet d’une procédure judiciaire.

Lorsque les premières filles soutenues par CSI ont été libérées, nous avons constaté que la plupart d’entre elles étaient gravement traumatisées par les expériences qu’elles avaient vécues. De plus, leurs familles ou leur communauté chrétienne n’étaient pas toujours prêtes à accueillir immédiatement ces filles stigmatisées par la société. Par ailleurs, le risque était réel que leurs agresseurs les retrouvent dans leur maison.

Le foyer protégé CSI

Pour lutter contre ce danger, CSI gère depuis début 2022 un foyer protégé au Pakistan. Les jeunes filles y restent entre six et douze mois. Dans un environnement sûr et accompagnées d’une psychologue, elles ont le temps d’assimiler ce qu’elles ont vécu. Afin de renforcer leur confiance en elles pour la vie, elles peuvent suivre, selon leur intérêt et leurs talents, un cours de six mois de coiffure ou de couture. Celles qui ont été enlevées très jeunes rattrapent leur scolarité.

La réhabilitation spirituelle, la prière et la lecture de la Bible revêtent également une grande importance. En effet, pendant leur captivité, les jeunes filles entendent régulièrement dire à quel point la foi chrétienne est mauvaise.

La nouvelle vie de Mehwish

Mehwish Patras (22 ans) a passé plusieurs mois dans le foyer protégé. En février 2021, un musulman l’a traînée dans sa voiture sous la menace d’une arme alors qu’elle se rendait à l’université avec des camarades musulmanes.

Ensuite, le ravisseur a contraint Mehwish de se convertir à l’islam. Contre son gré, elle a dû épouser son tortionnaire. « Il me traitait comme une esclave », se souvient-elle. Au tribunal, Mehwish a affirmé sous la contrainte qu’elle s’était mariée de son plein gré : « Il m’a menacée de tuer mes parents si je ne le faisais pas. »

Toujours sous la contrainte, Mehwish s’est mise à travailler dans un magasin de cosmétiques, mais une collaboratrice musulmane bienveillante a alerté ses parents par téléphone. Avec Anjum Paul, partenaire de CSI, ils sont parvenus à libérer leur fille fin 2021. Pour des raisons de sécurité, Mehwish, gravement traumatisée, a pu passer plusieurs mois dans le foyer protégé de CSI où elle a suivi un cours de coiffure/visagisme. En octobre 2022, elle a terminé sa formation avec succès en même temps que cinq autres jeunes filles.

Maintenant qu’elle est de retour chez elle avec une confiance en elle renouvelée, elle n’a plus à craindre un rapt. Grâce à l’aide juridique de CSI, le tribunal a déclaré son mariage nul et non avenu.

Une perspective d’avenir pour Neha

Récemment, Neha Munawar (17 ans) a également été accueillie dans le foyer protégé de CSI. En raison de la pauvreté de sa famille, elle a dû travailler comme aide-ménagère dès l’âge de 10 ans avec sa sœur chez un médecin musulman. Toutes deux ont été contraintes de se convertir à l’islam.

Après quatre ans d’exploitation et d’endoctrinement, les deux sœurs ont pu être libérées grâce à l’aide financière de CSI. Neha était certes reconnaissante d’être de retour à la maison, mais elle n’avait presque aucune chance de s’en sortir : elle s’est fait engager dans une usine de coton pour que sa famille puisse survivre. Mais ce travail éprouvant avait des conséquences négatives sur sa santé et elle souffrait d’allergies. Neha est donc particulièrement heureuse de pouvoir suivre une formation dans le foyer protégé.

Il est impressionnant de voir à quel point les filles sont résilientes et prêtes à tout pour survivre. Elles savent qu’elles ont un avenir malgré les terribles expériences qu’elles ont vécues. Dieu est avec elles et les portes de notre institution leur sont toujours ouvertes.

Reto Baliarda

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