08 octobre 2016

Le pays tremble devant les islamistes

Au Bangladesh, les crimes à motifs religieux ont augmenté de façon effrayante. Par conséquent, de nombreux chrétiens, même des responsables religieux, quittent le pays. Mais le pasteur Shamim Dewan veut rester, envers et contre tout.

Shamim Dewan s’engage sans peur en faveur des chrétiens opprimés du Bangladesh. (csi)

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Comme M. Dewan le déclare, 15 attentats mortels contre les minorités religieuses ont eu lieu au cours des six derniers mois. Le pasteur engagé a visité les familles de toutes les victimes, qu’elles soient chrétiennes, hindoues ou bouddhistes. Il les a soutenus en leur offrant une aide financière modeste qui ne leur suffira guère à se remettre sur les rails. Certes, le gouvernement prend à sa charge les frais d’hôpital des survivants, mais après leur sortie, plusieurs victimes seront confrontées à de graves problèmes financiers parce qu’elles ne pourront plus être intégrées dans le monde du travail.

À Pâques, Shamim Dewan lui-même a été victime d’une attaque lors de laquelle heureusement personne n’a été blessé. « J’avais organisé un culte en plein air dans un champ à Mirpur. Tout à coup, des activistes islamistes sont apparus et m’ont sommé d’arrêter le culte. J’ai refusé. Ils ont alors commencé à faire du chahut, ils ont endommagé l’installation de sonorisation avant de repartir. »

Une chaîne humaine contre la violence islamiste

La police a été alertée et elle a conseillé au pasteur de porter plainte, mais sa famille et les pasteurs présents l’en ont dissuadé.

Malgré tout, le pasteur ne voulait pas en rester là. Il a fixé un rendez-vous avec les autorités locales pour qu’on demande des comptes aux criminels  et pour que la sécurité soit augmentée dans les villages.

Son engagement public en faveur de la protection des minorités n’est pas resté sans écho : « En mars 2016, nous avons formé une chaîne humaine devant le club de presse national à Dhaka, la capitale. Ainsi, nous avons protesté contre les crimes à motifs religieux. Outre des organisations chrétiennes et hindoues, quelques responsables progressistes issus de communautés musulmanes y ont aussi participé ! »

Les menaces pleuvent

Mais le pasteur Dewan a bientôt découvert le revers de la médaille. Son engagement public lui a valu des appels menaçants sur son portable. Le pasteur a aussi reçu de nombreuses lettres de menace anonymes… avec pour tout expéditeur : « État islamique ». Sur Facebook, les islamistes l’ont aussi menacé : « Aucun de tes gestes ne nous échappe. Si tu n’arrêtes pas tes activités, nous te hacherons d’ici 15 jours comme nous l’avons fait avec les autres au cours des six derniers mois. » Les intimidations n’ont pas cessé : il a également été sommé de quitter le Bangladesh.

M. Dewan doit néanmoins reconnaître que le gouvernement a pris des mesures drastiques pour poursuivre les islamistes. Plusieurs terroristes ont même été tués. Malgré cela, environ 100 islamistes ont pu s’enfuir du Bangladesh en Malaisie, d’où ils se sont rendus en Syrie pour suivre une formation de djihadistes. « D’autres islamistes sont rentrés au Bangladesh et se sont cachés ici. Certains ont été arrêtés ou tués, mais plusieurs se promènent librement », exprime le pasteur avec souci.

Les activistes des droits de l’homme quittent le pays

À cause de la terreur qui règne, de nombreux activistes des droits de l’homme et des pasteurs ont quitté le Bangladesh. Un activiste hindou s’est enfui en Inde après que le gouvernement indien lui a proposé une procédure d’asile accélérée.

Au même titre, 20 activistes chrétiens, dont Sœur Rosalyn Costa, le pasteur protestant Adhikary ainsi que Ratan Sarka, le secrétaire de la plus ancienne Église baptiste à Dhaka, ont fui le Bangladesh ; ils ont tous émigré aux USA. « Je suis en contact avec chacun d’eux. Ils n’ont pas l’intention de revenir au Bangladesh », déplore Shamim Dewan. Pourtant, il tient ferme : « Avec mon épouse, nous resterons au Bangladesh. Mon travail est ici et ma vocation me portera jusqu’à mon dernier souffle. Si tous les chrétiens quittent le pays, l’État islamique serait victorieux. » M. Dewan est convaincu qu’au cours des dix prochaines années, nombre de personnes au Bangladesh se convertiront à Christ.

Malgré sa fermeté, le pasteur Dewan prend au sérieux les menaces des islamistes. Ainsi, ses enfants vont à l’école dans un lieu secret. De plus, il a coupé son téléphone fixe afin que les extrémistes ne puissent pas deviner s’il est à la maison. Il évite également d’envoyer tout message concernant ses absences.

Reto Baliarda

* Nom fictif


L’économie souffre aussi de l’extrémisme

Les répercussions de l’extrémisme islamiste au Bangladesh s’abattent aussi sur l’économie. Selon Shamim Dewan, le tourisme s’est écroulé. De nombreux acheteurs de vêtements italiens ont quitté le pays et l’industrie textile connaît une profonde crise. L’attentat du 1er juillet 2016 à Dhaka a aussi eu des conséquences économiques importantes : parmi les quelque 20 victimes se trouvaient cinq experts japonais du métro révolutionnaire qui aurait dû être inauguré en septembre 2016 à Dhaka. L’inauguration a été reportée.

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