Quel engagement impressionnant !

En novembre 2015, Reto Baliarda et moi-même nous sommes rendus en Inde, sur le théâtre du programme CSI contre la traite d’êtres humains. D’un côté, nous étions attristés par l’aspect sordide de la traite d’êtres humains, mais de l’autre, l’ardeur de nos partenaires de mission nous a émus.

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Au début, nous avons visité le bidonville Kanke, situé en marge de Ranchi, la capitale de l’État du Jharkhand. Nous y avons rencontré des femmes et des responsables de groupes d’entraide qui s’engagent contre la traite d’êtres humains, un fléau largement répandu en Inde. Lalita*, la responsable principale des cinq groupes d’entraide à Kanke, sait qu’elle risque sa vie : « Nous ressentons toujours la tension dans cette région. Nous vivons dangereusement parce que nous sommes une épine dans le pied des trafiquants d’êtres humains ».

Mais Lalita ne se laisse pas aller : « Nous continuerons malgré la peur omniprésente. De nombreuses personnes ici profitent de la traite d’êtres humains. L’alcool et la violence sont un immense problème, les enfants abandonnés sont nombreux. Ces derniers n’ont même pas accès à des toilettes et ils vivent sans aucune hygiène, l’environnement est sale et sent mauvais. »

Encouragées par notre présence

Lalita et les autres femmes sont très heureuses de nous rencontrer. « Votre présence et votre soutien sont très importants pour nous. Je vous en prie, restez à nos côtés. Sans vous, nous ne sommes rien. »

Lalita nous explique l’importance de faire en sorte que les maquereaux sachent qu’une organisation indienne et une autre étrangère les soutiennent. L’assistance de notre collaborateur, l’avocat Me Ajay*, est également essentielle. Bien sûr, leur sécurité est loin d’être assurée, mais ces éléments pèsent un certain poids face aux puissants organismes qui gèrent la traite d’êtres humains.

Un homme seul face à un système

À Kanke, quand nous nous sommes rendus à la garderie, nous avons pu un peu ressentir ce que vivent ces femmes courageuses qui sont sous la menace des maquereaux. Le bâtiment se trouve au milieu du bidonville et sur le chemin, nous sommes passés à côté d’hommes alcoolisés dont certains sont impliqués dans la traite d’êtres humains. Ils ont voulu protester contre notre présence, mais une parole énergique de Me Ajay a mis un terme à ces moments délicats.

Dans la garderie, nous avons rencontré Balku*. Ce jeune homme qui s’engage contre la traite d’êtres humains, seul au milieu d’un environnement hostile, nous a particulièrement impressionnés. Il est le fils d’une responsable d’un groupe d’entraide et il a ouvert pour les enfants de ce bidonville cette garderie ouverte l’après-midi, Literacy Center. Les enfants y reçoivent un soutien scolaire, mais aussi une protection et une oreille attentive à leurs problèmes.

Lors de la cérémonie de bienvenue que les enfants réservaient aux partenaires de mission CSI, la résistance contre laquelle Balku doit lutter s’est clairement manifestée. De nombreux hommes alcoolisés qui traînaient par là ont perturbé une présentation pleine de ferveur, mais les enfants ont continué à chanter sans sourciller. Quel signe encourageant qui montre l’immense courage avec lequel Balku s’engage pour la dignité de ces enfants menacés !

De nombreux habitants du bidonville sont opposés à cette institution qui met en sécurité des enfants grâce auxquels ils pourraient s’enrichir. Mais Balku désire poursuivre son travail malgré le vent contraire et les dangers. Nous voulons aussi continuer à soutenir ce grand travail et à fortifier Balku par notre présence.

Mais le vent pourrait bien tourner : en effet, la mère de Balku et une autre responsable de groupe d’entraide se portent candidates à une fonction politique locale. Elles espèrent ainsi pouvoir porter sur la place publique la thématique de la traite d’êtres humains.

Une fillette en danger

Dans le bidonville, nous avons rencontré Sujata*, une fille de sept ans tout ébouriffée. Mais cette enfant a déjà vécu des expériences atroces. Grâce au groupe d’entraide qui a alerté notre équipe et la police, elle a été délivrée d’une maison de prostitution.

Sa mère est aveugle et son père n’a presque aucun contact avec elle. Sujata habite pour le moment chez sa tante qui a de plus en plus de peine à l’entretenir. Bien sûr, cette dernière réalise que le risque de la voir à nouveau enlevée est énorme et elle nous a suppliés d’emmener la fillette. Nous avons rapidement pu débloquer cette situation dangereuse et trouver un endroit sûr où elle peut se rétablir, aller à l’école et où elle reçoit de l’affection.

Une rencontre avec 600 partenaires

Le groupe d’entraide du bidonville de Kanke n’est qu’un seul des plus de 40 groupes qui s’engagent pour le bien des enfants de la région. À Gumla, à environ 90 kilomètres de Ranchi, nous avons assisté à une fête impressionnante lors de laquelle plus de 600 personnes appartenant à différents groupes d’entraide se sont réunies. Elles venaient de régions isolées qui sont dominées par les maoïstes. La police elle-même n’ose pas s’y aventurer. Le trafic de chair humaine y est donc florissant.

Les membres de ces groupes d’entraide se ressourcent au contact de ceux qui sont confrontés au même genre de situations, mais aussi auprès de notre équipe. Un membre de notre équipe se rend régulièrement dans ces régions et y tient des séances de prévention dans des écoles. Il en profite pour visiter et encourager les groupes d’entraide.

Lorsque le bruit de notre venue à Gumla s’est répandu, une grande fête a été organisée. Pour les membres des groupes d’entraide, les chants et les danses traditionnelles étaient une manière d’exprimer leur gratitude envers nous. Ils se sont encouragés mutuellement et ont ainsi constaté qu’ils n’étaient pas seuls pour affronter le danger.

Une représentante de l’État, la responsable des affaires sociales de la région a tenu un exposé lors de la fête. Elle a voulu dire à quel point elle était touchée de voir toutes ces personnes venues de si loin qui gravitent autour des groupes d’entraide. Si elle-même avait invité toutes ces personnes, elle réalise bien que la salle aurait été presque vide, « car la population ne fait pas confiance aux autorités locales », a-t-elle remarqué. Lors de son discours, elle a souligné l’impact positif irremplaçable des groupes d’entraide.

Sauvée – mais sans avenir

Pendant la fête, nous avons fait la connaissance d’Anita*. Elle a été racolée à Delhi, avant d’être enlevée et vendue comme servante à Mumbai. Grâce à l’action déterminée de nos partenaires, elle a pu être libérée, mais la vie à la maison n’est pas une solution non plus. Son père est alcoolique et sa mère est à peine présente. De plus, à cause de son passé, les voisins l’évitent.

Nous cherchons à placer Anita dans un centre de réhabilitation afin qu’elle soit protégée et qu’elle reçoive de l’affection.

Un nouveau centre de réhabilitation

Ce triste exemple montre l’importance de proposer un lieu d’accueil pour les filles libérées et menacées. Elles pourraient ainsi vivre en sécurité dans un climat où règne l’affection. Mais nous avons un grand sujet de reconnaissance : après une longue recherche et de nombreuses heures passées auprès des autorités, nous avons pu acheter une parcelle pour édifier notre propre centre de réhabilitation.

Quelle joie de voir le terrain et de faire les premiers plans avec un architecte ! La construction devrait commencer sous peu et nous espérons accueillir les premiers enfants au début de l’année prochaine. Le centre de réhabilitation proposera de la place pour 40 filles. Nous sommes très reconnaissants pour le soutien que nous recevons pour réaliser ce projet.

Retrouvailles

Lors de notre voyage, nous avons pu revoir Kalika* et Bushbita*, les deux premières filles que nous avons libérées début 2013. Quelle joie ! Lors de notre première rencontre, elles nous écoutaient à peine, leurs regards étaient dirigés vers le sol et leur langage corporel laissait deviner beaucoup de choses.

Aujourd’hui, nous avons été salués avec entrain et nous pouvions à peine nous libérer de leurs étreintes. Les filles ont même des plans pour leur avenir professionnel.

Il reste beaucoup à dire

Une fois de plus, je suis rentrée à la maison avec une valise pleine d’expériences et de rencontres précieuses. Mon cœur reste rempli des nombreuses personnes que j’ai rencontrées et l’espérance de pouvoir encore aider de nombreuses victimes de la traite d’êtres humains me remplit. Bien sûr, le travail de prévention reste primordial, car, comme le dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir !

La responsable de mission pour l’Inde


Noms fictifs


Les groupes d’entraide

En 2013, l’Evangelical Fellowship of India (EFI) et CSI ont commencé à œuvrer contre la traite d’êtres humains dans l’État du Jharkhand, d’abord dans la capitale de Ranchi, puis dans deux régions périphériques : Gumla et Khunti.

Il y a une année, nous avons fondé le premier groupe d’entraide. Aujourd’hui, on en compte plus de 40, y compris quelques groupes d’hommes. Les groupes se réunissent chaque semaine et abordent des sujets comme la violence domestique, la traite d’êtres humains, l’abus d’enfants par leur propre père. Ils veulent aussi aider les parents qui sont dans une telle détresse financière qu’ils sont poussés à donner ou à vendre leurs propres enfants.

Ils collectent aussi de l’argent dans une caisse commune pour pouvoir ouvrir de petits commerces. De nombreuses femmes nous racontent l’importance de ces groupes. Elles peuvent réaliser un petit revenu grâce à leur travail dans les commerces et ainsi garder leurs enfants. Le groupe leur donne aussi la force de se mobiliser pour les droits de leurs enfants et pour leurs propres droits. Les discussions sur des sujets qui sont tabous en Inde et la recherche commune de solutions sont un grand encouragement pour nous. Grâce au partage dans les groupes d’entraide, plusieurs enfants ont pu être mis en contact avec notre équipe de libération qui les a libérés.

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