Vivre libre après des années d’humiliation

Agei Anyuon Anyuon est âgée de 8 ans quand elle est enlevée par un combattant soudanais. Au cours de plus de vingt ans d’esclavage, elle doit subir les pires humiliations. Aujourd’hui, Agei est reconnaissante de pouvoir mener une vie indépendante.

Agei avec le seul enfant qu’elle a pu emmener au Soudan du Sud. Les trois autres sont restés dans la famille de son ancien maître. csi

Agei avec le seul enfant qu’elle a pu emmener au Soudan du Sud. Les trois autres sont restés dans la famille de son ancien maître. csi

 

Agei passe les premières années de sa vie insouciante avec sa famille dans un village du nord-ouest du Soudan du Sud actuel. Mais en 1997, des milices musulmanes venues du Soudan actuel attaquent le village en plein jour.

Tous les villageois s’enfuient dans les bois, tête baissée. « Mais comme la fusillade n’en finissait pas, nous avons fui vers un village voisin. Nous espérions y trouver un abri », explique la Sud-Soudanaise, aujourd’hui âgée de 32 ans. C’est une erreur fatale, car des miliciens soudanais se sont retranchés dans le village. L’un d’entre eux pointe son arme sur la fillette effrayée. « Mes jambes tremblaient. L’homme m’a poussée avec son fusil et m’a regardée avec des yeux méchants. »

Méprisée et violée

Agei est alors emmenée avec d’autres prisonniers vers le Nord, au Soudan actuel. Dès le début de la marche, ses ravisseurs la forcent à porter sur la tête de lourds objets qu’ils ont volés. Pendant plusieurs jours, la peur de la mort ne la quitte pas.

Arrivée à destination, Agei est emmenée dans le village de Kajeera et remise comme esclave à Mohamed Abdullah, un paysan musulman. Elle doit faire la lessive pour sa grande famille, nettoyer la maison, faire les courses au marché et surtout moudre le sorgho (mil). « Je ne pouvais jamais me reposer. Et pourtant, j’étais constamment méprisée. La famille me traitait de sale esclave », raconte-t-elle tristement.

Agei sait que les propriétaires d’esclaves sont capables de tout : « J’ai vu beaucoup d’esclaves qui refusaient les ordres de leurs maîtres arabes. Ils ont tous été tués. » La jeune esclave souffre de la faim. Elle est aussi forcée de se convertir à l’islam et doit subir l’excision. Mais ce n’est pas tout : Mohamed lui-même ainsi que son fils la violent régulièrement. Elle donne naissance à quatre enfants.

La libération

Après vingt-cinq ans de souffrances, Agei fait une rencontre qui changera sa vie. Elle est au marché quand un libérateur d’esclaves soudanais l’aborde et lui assure qu’il peut la ramener dans son pays. Pleine d’espoir, elle se résout à lui faire confiance. Elle a peur, car le libérateur veut rencontrer son maître, mais il affirme qu’il a les moyens de convaincre Mohamed.

Effectivement, après des négociations fructueuses, Agei est libérée et il ne lui reste qu’à marcher durant dix jours avec d’autres esclaves affranchis pour se retrouver chez elle, au Soudan du Sud. Là, elle est accueillie par CSI et se voit offrir un « kit de survie », un colis alimentaire et une chèvre laitière. « Je suis tellement heureuse d’être de retour dans mon pays. Je remercie Dieu et aussi les personnes de Suisse qui m’ont aidée ! »

Reto Baliarda

Commentaires

Nous serions heureux que vous nous fassiez part de vos commentaires et de vos ajouts. Tout commentaire hors sujet, abusif ou irrespectueux sera supprimé.


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.

Votre commentaire a été envoyé.

Le commentaire a été envoyé. Après avoir été vérifié par l'administrateur, il sera publié ici.