Un havre de paix pour les victimes de la traite des êtres humains

En Inde, CSI s’engage depuis six ans pour lutter contre la traite des êtres humains et cherche en priorité à libérer les enfants. C’est pour eux que nous avons ouvert cette année un foyer protégé. Reportage.

Ces six filles ont beaucoup souffert. Dans le foyer protégé, elles trouvent un havre de paix. Asha est la troisième fille à partir de la gauche. (csi)

Quel beau moment ! Combien d’obstacles franchis, de temps investi depuis la planification, le financement jusqu’à la réalisation : me voilà maintenant devant ce foyer protégé conçu pour abriter les enfants libérés de l’esclavage. Nous avons déjà pu accueillir les six premières résidentes ; le bâtiment permet de loger trente-six enfants qui trouvent ici un nouveau chez soi où ils peuvent grandir dans l’amour et la sécurité, surmonter leurs traumatismes, suivre l’école et recevoir une formation !

C’est plein de reconnaissance que je me laisse guider dans toute la maison par les six filles et un personnel motivé. Ensuite, nous prenons du temps pour parler personnellement avec chaque enfant.

Vendue à une briqueterie

Asha * est la deuxième d’une fratrie de quatre. Leur mère a quitté la famille alors qu’Asha était encore toute petite. Un jour, une connaissance de la famille a débarqué en offrant au père surchargé de donner la possibilité à Asha de suivre une formation scolaire. C’est avec reconnaissance qu’il a laissé partir sa fille avec cet « ami » ; bien sûr, il n’aurait jamais pensé que sa fille âgée de 10 ans allait être vendue à une briqueterie.

Asha a été retenue comme esclave plus de quatorze mois dans cette fabrique. Elle devait travailler presque jour et nuit et elle était complètement épuisée. Elle souffrait régulièrement de la faim, dormait à même le sol froid, était souvent battue et régulièrement violée. Cette petite fille se sentait complètement seule et avait des angoisses récurrentes.

La libération d’Asha et l’arrestation du trafiquant

Entre-temps, le père se fait beaucoup de souci pour sa fille et comme il ne parvient à contacter ni Asha ni son « ami » qui est devenu inatteignable, il signale la disparition de sa fille à la police. Mais les autorités n’en font aucun cas, sachant que la famille appartient à une caste inférieure.

Après une visite des partenaires de CSI dans son village pour expliquer les dangers de la traite des êtres humains, le père retrouve un nouvel espoir et leur soumet son cas. Grâce au vaste réseau qui regroupe des personnes de confiance, nos partenaires peuvent retrouver l’« ami » qui a vendu Asha. Mis sous forte pression, ce dernier révèle finalement le lieu de détention de la fillette.

Nos partenaires mettent en œuvre leurs relations avec la police qui finit par libérer Asha et arrêter les malfaiteurs. Asha est alors ramenée à son père, mais ce dernier prend rapidement conscience de ses limites pour s’occuper de sa fille traumatisée et complètement changée. L’équipe de CSI décide donc d’accueillir Asha dans le foyer protégé.

Un moment émouvant

Le foyer protégé était devenu une nécessité parce que nous avions des difficultés pour héberger les enfants libérés dans un lieu sûr. Il y a un grand besoin de trouver des foyers dignes de confiance. De nombreuses institutions refusent simplement d’accueillir les victimes de la traite des êtres humains. Dans d’autres maisons, la sécurité n’est pas assurée et les enfants peuvent facilement disparaître une nouvelle fois.

Nous avons pu passer une magnifique et heureuse journée avec les enfants et les collaborateurs. L’engagement tenace de tous les participants nous a beaucoup encouragés ! Il était touchant de rencontrer Asha et les cinq autres filles ; elles sont encore profondément marquées, mais leur reconnaissance nous réchauffe le cœur.

Je suis extrêmement heureuse de pouvoir offrir une nouvelle vie à ces filles et bientôt à trente autres enfants qui ont tous connu des souffrances indicibles et qui trouvent enfin un chez soi. Tout cela a été et reste possible uniquement grâce à la générosité de nombreuses donatrices et donateurs. C’est à eux tous que revient notre immense merci !

La responsable CSI pour l’Inde

* Nom fictif

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