Un nouveau départ après des années de souffrance

Lors des libérations d’esclaves, nous accordons toujours une grande importance aux entretiens que nous menons avec les personnes affranchies, car ils nous apportent des éclaircissements sur la véritable nature de l’esclavage au Soudan. Adhuk Yak Bol raconte ce qu’elle a subi.

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Adhuk Yak Bol est une jeune femme d’une vingtaine d’années. Des milices arabes l’ont enlevée et emmenée au Nord alors qu’elle était encore une enfant. « Je viens d’un petit village près de Warawar. Je m’en souviens bien. C’était un bel endroit. Je suis très heureuse d’être de retour chez moi, mais j’ai aussi une pensée pour mes parents qui ne sont plus en vie. » En effet, les parents et les six frères et sœurs d’Adhuk sont morts. Lors du raid, ils étaient enfermés dans la hutte familiale qui a été incendiée. Seule Adhuk est encore en vie. Elle revient de nombreuses années de captivité.

« Je me souviens de mon oncle qui courrait pour me rattraper. Les Arabes se sont arrêtés. Ils ont attendu qu’il arrive à notre hauteur et se sont jetés sur lui. Ils l’ont attaché derrière un cheval qu’ils ont chassé. C’est ainsi qu’il est mort. » Ces événements traumatisants ont éteint toute pensée de rébellion et tout espoir de fuite dans le cœur de la fillette.

Battue tous les jours

Emmenée au Nord avec un groupe de captifs, Adhuk a dû assister à la mise à mort de plusieurs personnes. Elle a été violée, puis vendue comme esclave à un homme qui l’a prise pour femme. « Il s’appelait Mohammed et il était épouvantable. Il me battait constamment. Je devais chercher de l’eau pour les ânes, laver les vêtements de la famille et maintenir la maison en ordre. Sa femme était aussi très méchante. Elle prétendait souvent que je n’avais pas accompli mes corvées. Alors, on me battait. Leurs quatre enfants me cherchaient toujours noise. Pour ma part, je n’ai pas eu d’enfants. »

« J’ai été excisée de force. Ils voulaient que je me comporte comme une Arabe et que je devienne musulmane. J’ai dû apprendre les prières musulmanes. De temps en temps, je devais aller à la mosquée, mais la plupart du temps, je restais à la maison, car je devais travailler. Je vivais avec la famille, mais les évitais autant que possible, car on me battait constamment. »

Une libération inattendue

« Un jour, un Arabe est venu à la maison. Il a parlé avec Mohammed puis il m’a emmenée. Mohammed ne m’a pas dit un mot. Nous avons rapidement rejoint un groupe de Sud-Soudanais. Ils appartenaient tous à l’ethnie des Dinka et avaient été déportés au Nord en tant qu’esclaves. Nous ne savions pas ce qui se passait, mais nous étions bien traités. On nous a donné à manger et à boire, on ne nous battait pas. En arrivant vers le fleuve qui marque la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud, l’Arabe nous a expliqué qu’il libérait des esclaves pour les ramener dans leur pays. D’abord, nous n’en croyions pas nos oreilles. Mais c’était vrai. Maintenant, je suis reconnaissante et heureuse d’avoir enfin recouvré la liberté. » Comme tous les esclaves affranchis, Adhuk a reçu un « kit de survie » et une chèvre laitière qui l’aideront à prendre un nouveau départ.

Plusieurs milliers de Sud-Soudanais sont encore esclaves au Nord. CSI entend poursuivre sa mission jusqu’à ce que le dernier esclave soit libéré.

Benjamin Doberstein | Joel Veldkamp

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