Une fillette enlevée par l’EI

Une nouvelle patrie pour les persécutés ? De nombreux chrétiens irakiens chassés se sont enfuis à Erbil et vivent dans des baraques pour réfugiés. L’histoire d’une famille de sept personnes est particulièrement tragique. La plus jeune des enfants est aux mains de l’État islamique (EI).

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Récemment, les collaborateurs de CSI John Eibner et Adrian Hartmann ont visité la ville kurde d’Erbil, au nord-est de l’Irak. Ici, nombreux chrétiens et des membres d’autres minorités religieuses persécutées par l’État islamique (EI) ont trouvé refuge. Les tentes provisoires ont presque toutes été remplacées par des conteneurs habitables. Tout laisse prévoir que les réfugiés devront rester longtemps à Erbil.

Quand on visite ces camps, on rencontre régulièrement des enfants qui jouent. Leurs regards joyeux semblent prouver que les expériences traumatisantes sont oubliées. Mais les apparences sont trompeuses : une pharmacienne nous raconte que les enfants font des crises de panique et des cauchemars. « De nombreux enfants sont marqués par les événements terribles même si cela ne se voit pas de l’extérieur. »

Ils ont simplement pris Christina 

Une famille de sept personnes de Qaraqosh vit dans la tristesse et la peur perpétuelle : Nabia* (44 ans) se souviendra toujours du 7 août 2014. Ce jour-là, les milices de l’EI font des ravages à Qaraqosh. « Ils ont crié que nous, les chrétiens, devions disparaître. Mais comment ? Nous n’avions pas de voiture et mon mari est aveugle. » Par peur des terroristes, la famille n’ose plus quitter la maison. « Une fois, ils ont frappé à notre porte et nous ont sommés de convertir à l’islam ce que nous avons refusé », raconte Nabia.

Trois semaines plus tard, les djihadistes donnent l’ordre à la famille de les suivre. « Ils nous ont mis dans un bus. Tout à coup, un homme de l’EI s’est approché de moi et m’a arraché Christina. Je l’ai suivi en le suppliant de me rendre ma fille. Mais il a menacé de m’abattre si je ne retournais pas dans le bus. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? » À la fin d’un long trajet en bus, la famille et 26 autres chrétiens sont abandonnés dans un endroit désert. Après une odyssée de 14 heures à pied, elle atteint la frontière du Kurdistan… sans Christina.

Ignorer ce qui est arrivé à leur fille est un énorme fardeau sur la famille. Comme si cette douleur n’était pas assez grande, Nabia reçoit, 20 jours après l’enlèvement, un coup de téléphone d’un dirigeant sunnite qui lui apprend que Christina crie après sa mère, mais qu’il ne peut plus rien y faire… Christina vient d’être emmenée à Mossoul.

Depuis dix mois, la famille n’a plus de nouvelles de Christina. Jusqu’à présent, les tentatives pour la libérer des mains de l’EI ont échoué. Mais la mère en larmes n’abandonne pas et demande à CSI : « Pouvez-vous nous ramener notre fille ? »

Affamés

À Erbil, la famille de Nabia est à peu près en sécurité. Mais la détresse des réfugiés est grande dans cette mégalopole, même s’ils habitent maintenant dans des baraques en dur. En effet, les enfants sont souvent sous-nourris. Le responsable médical d’un camp explique qu’« ils ne peuvent pas se nourrir de façon équilibrée parce qu’il n’y a pas de réfrigérateurs et que les aliments frais ne peuvent pas être conservés. »

En collaboration avec CSI, William Warda, le directeur de notre organisation partenaire Hammurabi, envisage donc une livraison de réfrigérateurs et d’aliments.

Reto Baliarda

* Prénom fictif

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