Ahok Ayanga

À 16 ans, Ahok Ayanga (50 ans) a été enlevée et vendue. L’été 2022 a marqué un tournant : après plusieurs décennies d'esclavage, elle a retrouvé la liberté.
Ahok Ayanga. csi
Ahok Ayanga. csi

Profil

Pays Soudan du Sud
Année de son asservissement 1988
Date de sa libération 15 juin 2022

Rendons grâce à Dieu :

  • pour la libération d’Ahok et son rapatriement au Soudan du Sud ;
  • pour les actions de libération d’esclaves de CSI.

L’histoire d’Ahok

Je suis originaire de Makuac Deng Ayom. Mes parents étaient agriculteurs et j’ai cinq frères et sœurs. Comme nous possédions des vaches et des chèvres, nous avions toujours à manger et nous pouvions boire du lait à satiété. Mais plusieurs villages des environs avaient déjà été attaqués par des Arabes et nous craignions qu’ils s’en prennent aussi à nous.

C’est vers midi qu’ils ont attaqué. La plupart de ceux qui s’enfuyaient étaient abattus, notamment mon oncle, qui est mort sous mes yeux. Mon père et ma mère, eux, ont réussi à s’échapper. J’avais 16 ans à l’époque. J’ai été capturée et emmenée au Soudan (Nord). Pendant la longue marche, nous n’avons guère été nourris et j’ai été violée à plusieurs reprises.

Dans un village du Soudan, un Arabe m’a emmenée dans sa maison, mais seulement pour me vendre quelques jours plus tard à Mahamad Ali. Cet homme est devenu mon maître. Moi, je n’étais rien d’autre qu’une esclave, un objet. Je devais travailler sans relâche : chaque jour, je cuisinais, faisais le ménage, la lessive, j’allais chercher de l’eau et ramasser du bois de chauffage.

J’étais maltraitée. On m’insultait sans raison et on me battait souvent. Si j’étais malade, je n’avais pas le droit de voir un médecin. Je n’avais pas de nouveaux vêtements ni de salaire. La nuit venue, mon maître se couchait dans mon lit. Je ne pouvais pas me défendre. On m’a imposé des choses que je n’ai jamais voulues. J’ai été excisée et j’ai dû devenir musulmane. Les années d’esclavage m’ont fait perdre ma dignité.

Un jour, un libérateur est venu visiter notre village. Il m’a vue et a ensuite parlé très longtemps avec Mahamad Ali. Il a alors mis quelque chose dans la main de mon tortionnaire et m’a emmenée au camp où d’autres esclaves m’attendaient. Nous sommes partis à la tombée de la nuit, nous avons traversé la rivière et, après une longue marche, nous sommes arrivés au Soudan du Sud. J’étais chez moi et j’étais libre !