Les menaces pleuvent sur John Dayal

John Dayal, de quelle manière vous menace-t-on ?
Je reçois toutes sortes de menaces, qui touchent toutes à mon existence. Certains menacent même de me tuer et de me réduire en morceaux. Ma famille a aussi subi des intimidations. Je me suis notamment tourné vers la Commission nationale des droits de l’homme, mais elle n’a pour l’instant pas trouvé les auteurs de ces menaces.

La police n’a-t-elle pas agi ?
La police indienne a un fonctionnement mystérieux. Beaucoup d’innocents sont arrêtés parce qu’ils ont exprimé sur Facebook un soupçon de critique à l’égard du Premier ministre. Mais dans mon cas, c’est différent. La police locale n’a pas la moindre idée de la cybercriminalité. Le commandant a bien constaté les menaces contre ma famille, mais il a estimé qu’il n’était guère possible de trouver les coupables. Une enquête a quand même été ouverte, mais jusqu’à présent, la police n’a pour ainsi dire rien fait.

Les menaces sont-elles plus fréquentes depuis que le gouvernement élu en 2014 est au pouvoir ?
Oui. Sur Twitter en particulier, on m’observe de très près, notamment parce que je remets souvent en question les décisions politiques du gouvernement. Je suis un fervent opposant au nationalisme religieux hindouiste, l’Hindu Rashtra. La liberté de religion est ancrée dans notre Constitution.

Comment supportez-vous ces menaces ?
Ces attaques m’oppressent énormément. Il y a toutefois une solution pour gérer la peur. Je dois la surmonter par ma volonté et avec l’aide de Dieu. La volonté de Dieu est l’élément suprême de ma vie. Mais la situation reste très désagréable. Elle entrave ma liberté personnelle. La police m’a proposé des gardes du corps, mais j’y ai renoncé. Les gardes du corps et les armes ne peuvent pas sauver des vies.

Les menaces pertur­bent-elles votre travail ?
Non, je continue à élever la voix, à écrire et à participer à des manifestations. Je suis toutefois devenu plus prudent.

Une pétition est en cours sur le site change.org pour trouver les auteurs des menaces prononcées contre vous. Est-ce un encouragement pour vous ?
Cette pétition a été lancée par Kavita Krishnan, une jeune femme courageuse. C’est un soutien moral. J’espère qu’elle contribuera de manière importante à la liberté d’opinion et de religion en Inde. Je remercie mes amis et les chrétiens du monde entier qui prennent position pour moi.

Reto Baliarda

John Dayal (67 ans) est un activiste indien engagé dans la défense des droits de l’homme. Il est membre du Conseil national pour l’intégration.