Ruben Vardanyan est un entrepreneur et un philanthrope. Il est retenu en otage depuis la conquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan. freearmenianprisoners.com
L’inquiétude grandit quant à l’état de santé de Ruben Vardanyan. Le philanthrope et ancien ministre d’État du Haut-Karabakh a été enlevé par l’armée azerbaïdjanaise après l’invasion et la conquête du Haut-Karabakh en septembre 2023. Depuis, il est détenu illégalement.
Le 5 avril 2024, cet homme de 55 ans a entamé une grève de la faim. Il exige ainsi sa libération immédiate et inconditionnelle ainsi que celle de tous les autres prisonniers politiques du Haut-Karabakh, a rapporté sa famille. Dans un message sur X (anciennement Twitter), la famille a expliqué que Ruben Vardanyan et son conseil juridique avaient demandé à plusieurs reprises un procès équitable et transparent, qui devrait avoir lieu à temps. Son procès devait débuter en janvier 2024, mais il a été reporté au mois de mai sans justification.
En isolement depuis le 5 avril
Après avoir commencé son action de protestation, Ruben Vardanyan a été empêché de contacter sa famille par téléphone, ce qui constitue une violation des pratiques internationales. Ce n’est que lorsque sa famille a lancé un appel urgent à la communauté internationale qu’il a été autorisé à reprendre contact avec elle après deux semaines.
Dans un autre post sur X, sa famille écrit : « Il est en isolement depuis le 5 avril 2024, sans accès à de la lecture. D’après ce que nous savons, on ne lui prend que la tension artérielle et rien d’autre. Cela nous rend encore plus inquiets quant à son état de santé qui se dégrade. »
Plus loin, la famille demande « que l’Azerbaïdjan autorise le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à lui rendre visite immédiatement afin d’obtenir des preuves indépendantes de son bien-être et de s’assurer qu’il bénéficie de soins médicaux appropriés pendant sa grève de la faim ».
Selon sa famille, l’homme d’affaires a conclu la conversation téléphonique par ces mots : « Je suis maintenant plus que jamais convaincu que les valeurs et les principes sont plus importants que la vie elle-même. »
Une lettre ouverte au CICR
Pendant ce temps, une vingtaine d’organisations non gouvernementales du Haut-Karabakh ont lancé un appel urgent au CICR. « Nous sommes profondément préoccupés par la détérioration de l’état de santé de Ruben Vardanyan et par les conséquences possibles de sa grève de la faim, écrivent les signataires dans une lettre ouverte à la présidente du CICR Mirjana Spoljaric Egger. Nous demandons au CICR de prendre immédiatement des mesures pour améliorer l’état de M. Vardanyan. »
Les signataires attirent également l’attention sur les autres Arméniens détenus aux côtés de Ruben Vardanyan. Il s’agit notamment de hauts fonctionnaires du gouvernement déchu du Haut-Karabakh, à savoir Arkady Ghukasyan, Bako Sahakyan, Arayik Harutyunyan, David Ishkhanyan, David Babayan, Levon Mnatsakanyan et David Manukyan.
Parmi les prisonniers figurent également des soldats et des civils arméniens enlevés par l’Azerbaïdjan au cours des quatre dernières années.
Pas le premier gréviste de la faim
Ruben Vardanyan n’est pas le premier otage en Azerbaïdjan à avoir entamé une grève de la faim pour attirer l’attention sur sa situation critique. L’année dernière, le civil arménien Vicken Euljekjian, détenu illégalement à Bakou depuis novembre 2020, a lui aussi refusé de s’alimenter pendant un certain temps.
Il protestait contre le fait que les autorités pénitentiaires le forçaient à communiquer avec sa femme libanaise Linda en arménien, une langue qu’elle ne comprend pas. À cette occasion, Linda Euljekjian a déclaré à CSI : « Mon mari a entamé une grève de la faim pendant vingt-quatre jours pour pouvoir me parler en arabe. » Le couple est désormais autorisé à s’entretenir en arabe.
CSI exige la libération immédiate de Vicken Euljekjian, Ruben Vardanyan et des autres otages arméniens retenus dans la capitale azerbaïdjanaise Bakou.
100 000 Arméniens déplacés
En septembre 2023, les forces armées azerbaïdjanaises ont attaqué le Haut-Karabakh après un siège de neuf mois. Elles ont tué 230 personnes, dont 25 civils. De nombreux responsables politiques, comme Ruben Vardanyan, ont été arrêtés. L’armée azerbaïdjanaise a forcé les quelque 100 000 habitants chrétiens à fuir vers l’Arménie voisine. Au cours de cette opération, 170 autres Arméniens sont morts dans l’explosion d’un dépôt d’essence, alors que beaucoup d’entre eux voulaient faire le plein de leur voiture pour fuir.
L’attaque a détruit l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde et a été qualifiée d’acte de génocide par de nombreux experts en droits de l’homme.
Reto Baliarda
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