« Le nettoyage ethnique se poursuit au Haut-Karabakh »

Le Conseil de sécurité de l’ONU refuse d’empêcher un génocide et de protéger les victimes du Haut-Karabakh. L’organisation de défense des droits de l’homme Christian Solidarity international proteste vivement contre la politique de la Suisse.

Après l'attaque de l'Azerbaïdjan, les habitants du Haut-Karabakh se réfugient dans leurs caves. Photo : Artsakh-Nagorno-Karabakh Human Rights

Après l’attaque de l’Azerbaïdjan, les habitants du Haut-Karabakh se réfugient dans leurs caves. Photo : Artsakh-Nagorno-Karabakh Human Rights

 

Lors de la session du 21 septembre 2023, le Conseil de sécurité de l’ONU a une nouvelle fois échoué à stopper l’agression de l’Azerbaïdjan contre la communauté arménienne chrétienne du Haut-Karabakh. Alors que la plupart des États membres, y compris la Suisse, ont déploré le blocus imposé par l’Azerbaïdjan depuis plus de neuf mois et le recours à la force militaire, aucun État n’a soutenu les propositions de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU présentées par l’Arménie, qui demandent ce qui suit :

  • envoyer une mission interorganisations de l’ONU au Haut-Karabakh pour surveiller et évaluer la situation humanitaire et sécuritaire ;
  • veiller à ce que le CICR puisse exercer pleinement son mandat humanitaire ;
  • retirer tous les soldats et policiers azerbaïdjanais de toutes les localités du Haut-Karabakh ;
  • explorer les possibilités d’envoyer une force de paix sous le mandat de l’ONU.

Le ministre arménien des Affaires étrangères a lancé un avertissement sévère : « L’Azerbaïdjan a l’intention de mener à bien le nettoyage ethnique de la population arménienne du Haut-Karabakh. » Il a ensuite décrit en termes dramatiques la détérioration de la situation des droits de l’homme et la crise humanitaire pour les quelque 120 000 habitants arméniens de la région : « Stepanakert et d’autres villes et villages ont été bombardés de manière intensive et indiscriminée par des roquettes, de l’artillerie lourde, des avions de combat sans pilote et des avions, y compris des armes à sous-munitions interdites. L’agression actuelle a été le point culminant d’un blocus de presque dix mois du corridor de Latchine et d’une crise alimentaire forcée parmi la population du Haut-Karabakh. La grave pénurie de nourriture, de médicaments, de carburant, de gaz naturel, d’électricité et d’autres produits de première nécessité avait conduit la population vulnérable du Haut-Karabakh au seuil de la catastrophe humanitaire. »

Les contacts de CSI bloqués au Haut-Karabakh confirment cette cruelle réalité et demandent désespérément de l’aide. L’Azerbaïdjan a coupé les communications dans une grande partie de la région. La plupart des routes sont bloquées par les troupes azerbaïdjanaises, qui empêchent les familles de se réunir et les blessés d’être évacués. L’Azerbaïdjan empêchant les organisations humanitaires et les observateurs internationaux d’accéder à la région, le risque de nouvelles atrocités est élevé.

En décembre 2022, CSI a lancé une alerte au génocide pour le Haut-Karabakh. Elle a été réitérée en août 2023 par le premier procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno Ocampo. Trois jours avant l’offensive militaire de l’Azerbaïdjan, le président international de CSI, John Eibner, est rentré d’une mission de reconnaissance sur le front arménien-azerbaïdjanais, où il a pu observer le blocus du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan ainsi que les postes militaires azéris installés sur le sol arménien. Le 21 septembre 2023, John Eibner et Simon Brechbühl, directeur de la fondation CSI-Suisse, ont demandé au conseiller fédéral Ignazio Cassis d’agir de manière constructive au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

La représentante de la Suisse au Conseil de sécurité de l’ONU, Pascale Christine Bäriswyl, a certes déploré « la lourde charge supplémentaire pour la population civile qui souffre déjà ». Elle a également déclaré que « les obligations découlant du droit international doivent être soulignées encore plus clairement », insistant notamment sur les « droits des minorités ». Malheureusement, elle a omis de proposer des mesures concrètes et de confirmer explicitement le droit à l’autodétermination du peuple du Haut-Karabakh, alors qu’il s’agit d’un droit humain fondamental que la Suisse est tenue de respecter en raison de son appartenance à l’ONU et à l’OSCE.

« CSI est consternée, mais pas surprise, que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) poursuive une « politique de paroles sans actes » au Conseil de sécurité de l’ONU et ce, dans une crise où les droits de l’homme internationaux et le droit international humanitaire sont violés de manière flagrante par une dictature brutale, a déclaré le président de CSI, M. Eibner. La sélectivité dans la défense active du droit international est devenue monnaie courante après que le DFAE a cherché à poursuivre l’intégration de sa politique étrangère avec les pays de l’OTAN et est de plus en plus enclin à échanger la vie et la liberté des plus faibles contre les avantages découlant de l’adossement à de puissants partenaires géopolitiques et économiques. »

La SOCAR, la State Oil Company of the Azerbaijan Republic, fait partie de ces derniers. Elle fait partie des principales sources financières de l’appareil militaire et sécuritaire azerbaïdjanais et réalise des bénéfices considérables avec une chaîne de stations-service en Suisse et des relations commerciales avec Migros.

« CSI demande à tous les partis politiques et à toutes les communautés religieuses de Suisse, ainsi qu’à l’ensemble de la société civile, de réfléchir aux effets néfastes de la politique du DFAE et de s’engager ensemble et solidairement en faveur des victimes de l’oppression, comme celles qui souffrent aujourd’hui au Haut-Karabakh », a déclaré John Eibner.

Il y a trente ans, John Eibner a rédigé avec la baronne Caroline Cox un rapport retentissant intitulé Ethnic Cleansing in Progress: War in Nagorno Karabakh (« Nettoyage ethnique en cours : la guerre au Haut-Karabakh »). L’évolution actuelle dans le Caucase du Sud montre que le nettoyage ethnique des Arméniens d’origine chrétienne se poursuit aujourd’hui pas à pas, sous le regard de la Suisse et de l’ensemble de la communauté internationale.

Le samedi 23 septembre 2023, de 13 h 30 à 15 h, une grande manifestation a eu lieu sur la Münsterplatz à Berne sous le titre « Plus de génocide des Arméniens ». Plusieurs parlementaires fédéraux ont pris la parole.

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