Une accusation de blasphème suite à la combustion de pages du Coran

Mussarat Bibi et Muhammad Sarmad sont responsables de l’entretien du jardin et du nettoyage à l’école pour filles de la localité pakistanaise d’Arifwala. Depuis le 19 avril 2023, ils sont en détention provisoire.

Une attaque contre les chrétiens du village a pu être évitée au dernier moment. Sur la photo : Anjum Paul, partenaire de CSI, (troisième à partir de la droite) lors de sa visite auprès du frère (tout à gauche) de Mussarat Bibi ainsi que d’autres villageois. csi

Une attaque contre les chrétiens du village a pu être évitée au dernier moment. Sur la photo :  Anjum Paul, partenaire de CSI, (troisième à partir de la droite) lors de sa visite auprès du frère (tout à gauche) de Mussarat Bibi ainsi que d’autres villageois. csi

Mussarat Bibi est veuve et mère de trois filles. Par l’intermédiaire de son défunt mari, professeur à l’école publique pour filles d’Arifwala dans le district de Pakpattan (province du Pendjab), cette chrétienne a trouvé un emploi comme agente d’entretien. Avec le jardinier Muhammad Sarmad (18 ans), elle a rangé le 19 avril 2023 un entrepôt qu’ils ont ensuite nettoyé.

Des pages du Coran brûlées sans le savoir

Au cours du rangement, beaucoup de vieux papiers se sont accumulés. Face à la montagne de déchets, les deux collaborateurs analphabètes ont décidé de mettre le feu à tout ce qui était combustible. Ils n’étaient pas conscients que l’amas de papier contenait également quelques pages du Coran. Une personne, vraisemblablement au courant de ce que pouvaient être ces papiers, a informé la police. Au Pakistan, brûler un Coran tombe sous le coup de la loi sur le blasphème. La police a arrêté Mussarat Bibi et Muhammad Sarmad et récupéré quelques pages de Coran carbonisées comme pièces à conviction.

Une émeute évitée de justesse

Lorsque Anjum Paul, partenaire de CSI, a appris l’incident, il s’est immédiatement rendu à Arifwala pour se faire sa propre idée. Il a également rencontré les musulmans influents de la localité. Car dans les mosquées, on parlait déjà publiquement d’« incinération de Coran et de blasphème ». La situation menaçait de dégénérer et la foule pouvait rapidement s’en prendre aux chrétiens du village. Au cours d’intenses discussions, Anjum Paul a pu expliquer aux chefs du village que les pages du Coran avaient été brûlées par erreur. Il leur a demandé d’éviter que l’action de nettoyage ne soit érigée en affaire religieuse.

Assistance juridique et prière

Au Pakistan, le blasphème peut être puni de mort. Lors de son interrogatoire par la police, Muhammad Sarmad a reconnu avoir mis le feu aux ordures. Mussarat Bibi a été accusée de l’avoir incité à le faire. Ils sont tous deux en détention provisoire. Ils sont sans ressources, ne savent ni lire ni écrire et ne sont pas en mesure de se défendre. CSI les accompagne, prend en charge les frais d’avocat et lance un appel à la prière pour eux.

Rolf Höneisen

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